Santé : le Gabon est-il prêt à dématérialiser la feuille de soins ?
Alors que le ministère de la Santé a procédé au lancement du projet eGabon SIS et ce dans l’optique de rendre plus optimal le secteur de la santé, très souvent pointé du doigt en raison de ses nombreux dysfonctionnements, on serait tenté de se demander si le Gabon est prêt à dématérialiser la feuille de soin ? En effet, si cette initiative semble salutaire et innovante, il serait tout de même judicieux de se demander si toutes les dispositions sont propices pour ce changement radical?
En vue de rompre définitivement avec l’usage du papier et débureaucratiser l’administration sanitaire, le gouvernement de transition a adopté un nouveau système de Santé qui vise à améliorer la prise en charge des patients, un meilleur suivi de la situation sanitaire du pays et l’efficience des structures de santé. Un changement particulier qui viendra épargner les assurés de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS), des tracas liés à la formalité des feuilles de soins dans les hôpitaux et les pharmacies.
Toutefois, il ne faudrait pas ignorer les différents paramètres autour de cette innovation. En effet, digitaliser le secteur de la santé n’est pas une mince affaire dans la mesure où cela devrait impliquer la maîtrise de l’outil informatique, lequel exige d’avoir des compétences pour l’utilisation du Pack office qui permet de créer et partager toutes sortes de documents commerciaux, gérer et calculer des données, traiter des processus juridiques et organiser tous les aspects de la communication et de la collaboration au sein et en dehors des entreprises. Tout ceci, dans un environnement où des milliers d’agents publics n’ont pas ou peu accès à l’outil informatique.
Le secteur de la santé est-il prêt pour l’innovation technologique ?
Dans ce contexte, le personnel du corps de la santé est-il réellement prêt pour se défaire du papier ? Sachant que plusieurs établissements de santé font face à des carences multiples telles que le manque de plateaux techniques, l’indisponibilité des médicaments et des consommables dans les pharmacies hospitaliers, le manque de personnel soignant, l’insuffisance de lits pour les malades, les mauvais comportements dénoncés, la négligence médicale qui décime les patients. Des problèmes de fonds qui ont d’ailleurs été soulignés dans le Plan national de développement sanitaire (PNDS) et qui paralysent au quotidien, le système de santé dans notre pays.
Par ailleurs, sachant qu’il y en a énormément qui ont bénéficié des formations à l’ancienne, à l’exemple d’une infirmière qui est sortie de l’école depuis 25 ans à qui on demande de s’arrimer à ce système. Sachant que les délestages intempestifs de la Société d’Energie et d’eau (SEEG) sont le partage des populations gabonaises, ajoutés à une connexion internet dont le débit et les coupures sont légion. Comment le gouvernement compte-t-il déployer ce nouveau système sans être confronté à des couacs multiples? Autant de questions à l’endroit des autorités, qui doivent éviter de mettre la charrue avant les bœufs, au risque de retomber dans les mêmes travers que le régime déchu.