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Gabon: chantage affectif pour un emploi, cette déviance normalisée

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Si le droit du travail gabonais de 2021 exclut toute sorte de discrimination ou de pesanteur extra-professionnelle, la réalité est que l’obtention d’un poste à pourvoir ou d’un stage est très souvent conditionner par un échange pécuniaire ou une promotion canapé. Pour la gent féminine, une infraction est très souvent banalisée, pourtant faire du chantage demeure répréhensible aux yeux de la loi.

Entrevue comme le matériau idoine pour résoudre le problème des discriminations et atteinte à la dignité, la loi n°006/2021 portant élimination des violences faites aux femmes semble encore tarder à se mettre en musique dans notre pays. Adoptée puis promulguée sur fond de tambour de joie, cette loi présente l’avantage d’assurer à toute femme l’exercice paisible de son travail et l’accès équitable à l’emploi tel que repris dans le Code du travail en vigueur au Gabon.

Pourtant, le chantage émotionnel, qui consiste à utiliser la sensibilité et les failles de l’autre pour parvenir à des fins personnelles ou d’entreprise, demeure un problème sociétal. Le peu d’intérêt qui est accordé à cette problématique consolide sa commission par quelques individus qui semblent évoluer en marge de la donne internationale et qui foulent aux pieds les droits fondamentaux reconnus à l’Homme. C’est notamment le cas des « refus de recruter une femme au passé de prostituée ». 

Dans plusieurs entreprises, l’activité peu valorisante jadis exercée par une femme peut constituer un frein à son émancipation au travail, voire son recrutement. Certaines victimes jointes par Gabon Media Time (GMT) ont rappelé quelques anecdotes. « Je suis arrivée à l’entretien il m’a dit que mon CV était bon mais qu’il fallait que j’use de mon corps qu’il appréciait. Il a dit que de toutes les façons, l’obtention du stage et la délivrance de l’attestation passaient par lui », a déploré une étudiante en fin de cycle.

Une autre a révélé qu’elle avait été chosifiée après avoir refusé une promotion canapé dans une entreprise de la place. « Le DRH a dit tu sais il y a plusieurs candidats. Mais ton nom m’est revenu. Je sais que tu faisais les placements, ça ne devrait donc pas être difficile. Ou bien tu veux l’argent ? Pense à ce travail que tu veux », a-t-elle ressassé en larmes. Il est judicieux de préciser que ce type de chantage vise à culpabiliser la victime. Le manipulateur sait repérer ses proies. 

Toute chose qui implique l’effectivité d’une cellule de psychologie du travail dans les entreprises afin de permettre de régler ces litiges bénins qui ont des effets irréversibles sur autrui. Le suicide est entrevu comme une solution face à ces agressions morales. Au sens de la loi pénale article 34 : Le vol, l’extorsion, le chantage, l’escroquerie et  l’abus de confiance sont considérés, au regard de la récidive, comme une même infraction  assimilable à l’abus de confiance expose son auteur(e) à la peine de de 5 ans d’emprisonnement au plus assortie d’une amende de 5.000.000 de francs au plus et ce, conformément aux articles 299 et suivants du Code pénal nouveau.

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

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