Projet de Constitution : l’interdiction de succession dynastique, une disposition non intangible
Le Gabon entend se doter d’une Loi fondamentale qui réaffirme tous les principes conformes à un Etat de droit et à une démocratie pluraliste, mais qui tienne également compte du passé récent, dont certaines pratiques l’on conduit vers l’abîme. Parmi les correctifs apportés, l’interdiction pour le conjoint et les descendants du président de la République sortant de lui succéder.
C’est un changement intervenu au terme du Séminaire gouvernemental organisé les 11 et 15 octobre en vue de dégager une version définitive du projet de Constitution. En effet, l’article 43 ( article 53 dans la version soumise à la Constituante), comptait parmi les plus plus polémiques, au regard de l’exclusion de certains compatriotes de la course à la présidentielle, du fait de leur origine. Profitant de la réécriture de ce texte, les participants à ces assises ont jugé utile d’interdire la succession dynastique à la tête du pays. Cependant, cet alinéa, pourtant approuvé par de nombreux compatriotes, n’est pas frappé du sceau de l’intangibilité.
Les successions dynastiques potentiellement réversibles
« Le conjoint et les descendants d’un Président de la République ne peuvent se porter candidats à sa succession. », c’est ce qui est prévu à l’article 43 alinéa 3 du projet de nouvelle Constitution. Selon certains participants au Séminaire gouvernemental, cet alinéa aurait été suggéré par le président de la Transition en personne. Si l’objectif recherché était d’éviter au pays de revivre des passations en père et fils comme cela a été le cas avec Omar Bongo et son fils Ali, le constituant s’est bien gardé d’ajouter à l’article 170 que cette disposition ne peut faire l’objet d’aucune modification. Toute chose qui ouvre la voie potentiellement, en cas de modification de la Constitution, à un retour en arrière.
S’il est difficile de dire avec certitude si l’absence de cet article parmi les dispositions intangibles est un oubli ou une position assumée de la part les personnalités qui ont participé à l’élaboration de la version définitive du texte, elle constitue à l’évidence un compromis acceptable pour les personnes opposées à une telle exclusion. Il faut en effet dire que depuis le début des débats autour du projet de Constitution, voire même depuis la publication des recommandations du Dialogue national inclusif, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, qui a expérimenté la phase des critiques en politique, se garde désormais de prendre des positions extrêmes, de peur de fracturer l’opinion. Rappelons que les gabonais devront décider de leur avenir à la faveur du référendum d’adoption de ce projet de Constitution qui aura lieu le 16 novembre prochain.