Gabon : vers une scission du parti Réagir ?
Assiste-t-on à une scission au sein du parti politique Réappropriation du Gabon, de son Indépendance pour sa Reconstruction (REAGIR) ? La crise de leadership et les divergences de vue à propos du positionnement vis-à-vis du projet de Constitution, et partant des autorités militaires au pouvoir, ont fini par avoir raison de l’esprit du consensus qui a jadis régné au sein de cette formation politique.
Changements de visages à la tête du Bureau exécutif contestés, accusations de falsification de cachet du parti, violences verbales, bannissements au sein des forums internes, sorties publiques hasardeuses bref. L’accélération de l’actualité autour de la crise qui prévaut au sein de RÉAGIR entre d’une part, le camp incarné par le président statutaire François Ndong Obiang, et d’autre part, celui du Bureau exécutif dont le chef de file est le Secrétaire exécutif Jean Valentin Leyama, ne laisse plus de doute sur le sort réservé à cette formation politique. En effet, si la rupture semble consommée en ce qui concerne la légitimité des nominations effectuées, les récentes sorties sur la consigne de vote au référendum viennent définitivement acter le point de non retour.
Le positionnement politique acte la rupture
Au-delà de la crise institutionnelle qui a débuté depuis le début du mois d’octobre 2024 et qui s’est accélérée récemment avec le refus du camp du bureau actuel de se plier aux décisions du président statutaire nommant Persis Lionel Essono Ondo président intérimaire de REAGIR, et Me Thierry Nguia comme Secrétaire exécutif en lieu et place de Jean Valentin Leyama banni des instances dirigeantes, c’est bien plus la scission autour du référendum qui cristallise les attentions. En effet, alors que le 1er novembre dernier, Persis Lionel Essono Ondo annonçait, au nom du parti, le lancement prochain d’une caravane constitutionnelle pour sensibiliser et mobiliser les citoyens en faveur du Oui, Jean Valentin Leyama, entouré de plusieurs cadres du parti appelait ce 06 novembre à voter Non au référendum. Si certains évoquent désormais une crise qui pourrait se finir devant la justice, du moins en ce qui concerne le volet lié à la direction du parti, la question qui surgit est celle de savoir si REAGIR sortira intacte d’un tel choc. Rien n’est moins sûr !
Quoi qu’il en soit, le constat qui se dégage est celui d’une formation politique qui épouse fatalement la courbe d’autres partis qui ont un temps rayonné avant que les crises internes ne viennent fragiliser leur architecture. C’est le cas du Parti démocratique gabonais (PDG), qui s’est difficilement remis du départ de Barro Chambrier et ses camarades du R&M à l’époque. La chute d’Ali Bongo a d’ailleurs vu naître le spectre d’une nouvelle scission entre le directoire provisoire actuel partisan d’un alignement vis-à-vis du CTRI, et l’opposition systématique aux militaires défendue par l’ancien Premier ministre, Alain-Claude Bilie-Nze. Mais c’était également le cas avec Les Démocrates de Nzouba Ndama, dont la rupture idéologique avec Akure Davain a vu naître Les Démocrates libres. Au regard de l’ampleur de la crise au sein de REAGIR, plus rien ne permettra à l’évidence de concilier les positions du député de la Transition Jean Valentin Leyama et du 1er vice-président de l’Assemblée nationale de Transition François Ndong Obiang. Deux personnalités d’un même bord politique, qui ont d’ailleurs affiché leur opposition tout au loin de la dernière législature et durant celle en cours, en votant séparément sur certains textes importants. Nous y reviendrons !