Gabon : un Gouvernement de ministres de la République ou des ministres du village ?
« Le chien ne change jamais sa manière de s’asseoir ». Ce proverbe africain sied bien à l’attitude affichée par une grande partie des personnalités nommées au sein du gouvernement Raymond Ndong Sima. Moins d’un an seulement après avoir été promus au sein de certains départements ministériels, plusieurs membres du gouvernement s’illustrent déjà par une sorte de repli identitaire au profit de leurs provinces voire leur départements d’origine oubliant semble-t-il qu’ils sont bel et bien des ministres de la République.
Alors que le coup d’État opéré par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) dirigé par le Général Brice Oligui Nguema constituait pour de nombreux observateurs l’occasion de mettre un terme aux habitudes rétrogrades institués durant le régime Bongo-PDG pendant plus de 50 ans, la réalité est tout autre. Un fait perceptible dans les agissements adoptés par plusieurs membres du gouvernement qui semblent désormais s’être mués en ministres de leurs contrées d’origine.
Un repli régionaliste des ministres qui interroge !
En effet, il n’est plus rare de voir des « ministres de la République » se presser dans leurs localités d’origine qui pour l’organisation d’activités sociales notamment des remises de dons ou de projet dit AGR qui pour le lancement de projets gouvernementaux qui très souvent ne sont pas en lien avec leur département. De Jonathan Ignoumba qui s’est mué en messager intime du chef de l’Etat lors de la naissance d’un enfant baptisé Oligui Nguema, en passant par Regis Onanga Ndiaye et André Jacques Augand qui se collent au lancement de la phase 1 des travaux de réhabilitation des voies secondaires de Port-Gentil ou encore de Laurence Ndong qui s’empresse de doter sa ville d’origine Kango de nouvelles installations de télédiffusion ou Charles M’Ba qui se mue en ministre des TP pour les travaux de réhabilitation des voiries d’Oyem, les exemples ne manquent pas.
De quoi susciter des questionnements sur cette attitude qui clairement est à repousse poil du principe de cohésion nationale, qui veut qu’aucune région ne soit privilégié au détriment d’une autre. Quid des localités ne disposant pas d’un ministre au sein du gouvernement ? Faut-il espérer avoir un représentant au sein de l’appareil exécutif pour bénéficier d’un projet de développement ? Des questions d’autant plus légitimes et qui méritent des éclaircissements surtout que ces agissements semblent être justifiés par les membres du gouvernement arguant très souvent avoir été instruits par le président de la Transition, le Général Brice Oligui Nguema.