Gabon : remboursement de la dette, quand l’exécutif retombe dans ses travers
En dehors de l’urgence d’un assainissement budgétaire décisif pour garantir la viabilité budgétaire, la question du remboursement de la dette publique au Gabon pose plusieurs défis. Il faut dire que depuis 14 ans, les niveaux d’endettement élevés que connaissent le pays, mettent à rude épreuve les finances publiques, entraînant même des difficultés dans le service de la dette. Si l’arrivée du CTRI en août dernier, laissait présager une gestion plus rigoureuse de cette question, le montant du dernier remboursement effectué par l’Etat à ses créanciers qui affiche une chute de 88%, laisse quelque peu perplexe.
« Notre pays est aujourd’hui un partenaire fiable et sérieux avec à sa tête des gens responsables (…) Nous voulons que notre Transition soit principalement économique car la promotion des entreprises gabonaises tient à cœur au chef de l’État » a indiqué Mays Mouissi, en marge du forum Gabon-France. Sauf que les données économiques publiées par son département, pour fin avril, interrogent quelque peu. Moins de 34 milliards de FCFA de remboursement effectué au titre des arriérés de la dette publique à fin avril, en baisse de 88% par rapport aux mois précédents, alors qu’on était jusque-là sur une trajectoire ascendante.
En effet, en février et mars, les montants réglés pour ce poste par l’exécutif se situaient respectivement à 153,25 milliards de FCFA et 281,94 milliards de FCFA. Très loin des 34 milliards réglés en avril. Or, il est de plus en plus urgent de régler cette dette pour affronter l’avenir sereinement, étant entendu que c’est en grande partie à cause des niveaux d’endettement élevés, que le Gabon a vu ses finances publiques souffrir de tous les maux ces dernières années. Une urgence d’autant plus cruciale que les prévisions du FMI, principal créancier du pays, sont peu reluisantes puisqu’on évoque un ratio dette/PIB pouvant atteindre 78,9% à l’horizon 2025. Bien au-dessus du seuil de convergence de la CEMAC.
La stratégie illisible des autorités de la transition
Sachant que les coûts élevés du service de la dette peuvent évincer d’autres dépenses publiques notamment les services sociaux et les investissements dans les infrastructures, qu’ils limitent la capacité du gouvernement à répondre aux besoins urgents de développement et exacerbent les inégalités sociales et économiques, quelle stratégie peut bien justifier un tel écart entre les règlements effectués de janvier à mars et celui effectué en avril? Quelle stratégie essaient finalement d’implémenter les autorités de la transition qui multiplient des projets qui nécessitent des préalables et qui, au départ, annonçaient pourtant la restauration des institutions avant toute chose?
Des remboursements soutenus entre janvier et mars pour tromper la vigilance des PTF?
S’il est difficile pour l’heure de savoir quelle direction, le général Oligui Nguema et ses hommes comptent au final donner à cette transition « qui durera deux ans et pas un jour de plus » comme l’a récemment souligné Mays Mouissi, la trajectoire que prennent les remboursements de ce deuxième trimestre semble donner raison à ces observateurs qui indiquaient que la fougue des premiers jours, était destinée à leurrer les partenaires techniques et financiers. Gageons pour le bien de notre économie, que le niveau de remboursement de la dette, puisse retrouver le niveau qui était le sien il y a encore un mois, pour mitiger tout potentiel choc exogène.