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Gabon : quel avenir pour le parti démocratique gabonais ? 

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C’est le sous-titre d’un ouvrage passionnant, écrit par l’ancien ministre Hugues Mbadinga Madiya, paru à la fin de l’année 2023 aux Editions Universitaires Européennes. L’essai de 120 pages, qui traverse les méandres de plus de 55 ans de l’histoire politique du pays, se propose de donner une lecture du coup d’Etat du 30 août 2023 qui a entraîné la perte de pouvoir par le PDG. Selon l’auteur, cette chute était devenue inéluctable, au regard du long processus de dénaturation des rapports entre militants et des idéaux du Parti démocratique gabonais, qui avait jusque-là su asseoir l’unité nationale et la cohésion sociale.  

Pour l’imaginaire collectif, le coup d’Etat du 30 août 2023, trouve sa source uniquement dans les 14 années de mandat du président Ali Bongo Ondimba et tient à la seule responsabilité du chef de l’Etat. Une erreur historique, que l’auteur de « Gabon : coup d’Etat du 30 août 2023 : quel avenir pour le Parti démocratique gabonais (PDG) ? » tente de déconstruire. En effet, pour Hugues Mbadinga Madiya, bien que le climat s’est considérablement détérioré ces dernières années, il faut inscrire ce phénomène dans une longue série d’épisodes depuis les années 1990 qui ont marqué les aspirations du peuple gabonais à l’alternance démocratique. Ces aspirations remontent notamment à l’effondrement du bloc de l’Est. Le Parti avait su tant bien que mal conserver le pouvoir grâce au génie politique de son grand camarade Omar Bongo Ondimba. 

L’histoire politique du Gabon est intimement liée à celle du Parti démocratique gabonais. Témoin éclairé, puis acteur de ce récit, Hugues Mbadinga Madiya revient dans son ouvrage sur plus de 55 années de gestion du pays par la formation politique dont il est issu. En effet, si l’auteur présente les 20 premières années de gouvernance d’Omar Bongo comme « l’âge d’or du PDG », eu égard selon lui au caractère assumé de l’idéologie du parti, et au dynamisme économique impulsé par le président Omar Bongo, le parti de masse n’a pas su conserver ces acquis dans la décennie 90, marquée par le vent de démocratie venu de l’Est. En effet, bien que le parti demeurait solidement implanté et que le patriarche Omar Bongo parvenait en bon animal politique à entretenir le dialogue et à préserver l’unité nationale, les élections successives, empreintes de contestations, ont fragilisé la barque et renforcé la défiance des gabonais.  

Ali Bongo, entre espoir de renouveau du Gabon et crises internes au PDG

Après plus de 42 ans de règne du président Omar Bongo, le Gabon nourrissait une soif de renouveau. Bien que l’arrivée d’Ali Bongo Ondimba à la tête du pays ait laissé quelques traces au sein du parti, Hugues Mbadinga Madiya explique que son programme, « L’avenir en confiance » était d’une clairvoyance qui lui a donné un fort capital sympathie auprès des Gabonais. En effet, si les premières années du premier septennat étaient porteuses d’espoir, car présentées par l’auteur comme « Le temps des grandes réformes », le 10e congrès du parti était le point de départ d’un processus de descente aux enfers à la fois pour le pdg et pour le pays.

En effet, l’ouvrage revient pêle-mêle sur plusieurs faits qui ont conduit à la fragilisation du pouvoir d’Ali Bongo. Ainsi, la crise pétrolière de 2015 qui a affecté les recettes de l’Etat, l’isolement du président, le conflit générationnel au sein du parti, le départ des hiérarques tels que Guy Nzouba Ndama, Barro Chambrier et Jean Ping, la crise post-électorale de 2016, que l’auteur présente comme « le point déclencheur de la descente aux enfers qui allait survenir des années plus tard », la très forte propension du président à déléguer ses attributions, l’accident vasculaire cérébrale, ou encore la mauvaise organisation des élections générales « Les pires jamais organisées de toute l’histoire de la nation gabonaise », selon lui, ou encore la toute puissance de la Young Team, entre autres. 

Si dans une allusion à « La fin de l’histoire », concept remis au goût du jour par le chercheur en science politique, Francis Fukuyama, l’auteur de l’ouvrage rappelle avec gravité l’état de survie dans lequel se trouve le parti, Hugues Mbadinga Madiya ne sombre pas pour autant dans le fatalisme. En effet, devant ces erreurs qui ont entraîné l’irruption de la grande muette dans le jeu politique, l’économiste de formation envisage un avenir du Gabon dans lequel le PDG pourrait avoir toute sa place, à condition qu’il accepte de faire sa mue. « Nous sommes tous responsables et en tant que tel, les responsables du parti à tous les échelons doivent demander pardon aux militants et aux Gabonais. Le parti n’a pas su exercer efficacement son mandat historique face au peuple gabonais », précise-t-il. Un pardon nécessaire, duquel devrait découler une phase de reconstruction, afin d’aboutir à un PDG « doté d’une vision novatrice et adaptée aux besoins actuels de la société ».

Notons que l’ouvrage de 8 chapitres, dont les premiers éléments parus dans la presse alimentent déjà des débats, sera présenté le 24 février 2024 à la Maison de la Presse.

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