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Gabon : l’impact du fléau des prêts à l’usure sur la paupérisation des populations

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Dénoncé récemment par l’association des usagers de banques, le « fléau » des prêts à l’usure a une incidence majeure sur la paupérisation grandissante de la population gabonaise. Entre taux d’intérêt élevés et inflation galopante, ces prêts usuraires enferment les emprunteurs dans des cycles vicieux d’endettement. Dans un contexte où ⅓ de la population vit sous le seuil de pauvreté, avec en prime une inclusion financière qui demeure illusoire d’un certain point de vue, ces prêts usuraires ont un impact négatif significatif.

En cette nouvelle période de fin de mois, il n’est pas rare de voir agglutiné devant des Guichet automatique bancaire (GAB), une forte population d’agents publics. Parmi eux, une autre catégorie d’individus se masse, les emprunteurs. Munis de cartes bancaires de leurs débiteurs, ces créanciers d’un nouveau genre profitent du fléau grandissant des prêts usuraires. Une situation qui interpelle un peu plus, sur l’explosion de ce phénomène qui s’est généralisé auprès de toutes les couches des populations, plongeant de nombreux Gabonais dans une paupérisation saisissante doublée d’une insécurité financière de grande ampleur. Et pour cause! 

Devant déjà faire face à une inflation galopante, des revenus non alignée à celle-ci et un taux de chômage de plus de 30% (près de 40% chez les jeunes), la population gabonaise se retrouve sous asphyxie par des emprunteurs aux tarifs de plus en plus excessifs voire abusifs, qui ciblent les populations vulnérables, malgré l’illégalité de la pratique. Car il faut le dire, bien qu’il existe un vide juridique en la matière, cette pratique demeure illégale. Pièges dans ces prêts à usure qui usent et abusent de leurs maigres revenus, de nombreux agents publics se retrouvent « surendettés » comme l’a récemment souligné une enquête de l’Association gabonaise des usagers de banque (AGUB)

L’État complice ou indifférent ? 

Alerté par cette situation pour le moins dramatique par l’AGUB, le gouvernement ne s’est jusque-là pas saisi de la question malgré son intérêt général. Une situation alarmante qui pose une question: l’État est-il complice ou indifférent à cette problématique? On serait d’ailleurs tenté de répondre par l’affirmative sur les deux volets puisque certains agents publics sont passés maîtres dans cette pratique pourtant punie « d’un emprisonnement de cinq ans au plus et d’une amende de 10.000.000 francs au plus ou de l’une de ces deux peines seulement » selon l’article 323 du code pénal. Un comble donc, étant entendu que les agents publics ont le devoir de faire respecter la loi. 

Une pratique qui nuit au développement économique…

Pratiquées en toute sécurité par ces auteurs, ces prêts usuraires à taux d’intérêt élevés détournent ainsi les fonds des investissements productifs et des activités économiques. Les petites entreprises et les entrepreneurs, qui sont des moteurs essentiels de la croissance économique en Afrique et au Gabon malgré un développement poussif, se retrouvent ainsi accablés d’une dette insoutenable, entravant leur capacité à développer leurs activités, à innover et à créer des emplois. Toute chose qui étouffe littéralement le développement économique et perpétue la dépendance à l’égard des circuits financiers informels et exploiteurs.

…et réduit l’inclusion financière 

Le gouvernement qui peine depuis des décennies à favoriser une réelle inclusion financière, s’en trouve ainsi démuni puisque les prêts usuraires sapent les efforts visant à promouvoir et à formaliser l’économie informelle. En s’attaquant aux individus et aux entreprises exclus des systèmes financiers formels, les prêteurs usuraires dissuadent naturellement les ménages à s’adresser aux institutions bancaires réglementées. Un fait qui perpétue l’exclusion financière et la marginalisation, entravant les efforts visant à élargir l’accès à un crédit et à des services financiers abordables. Il y a donc urgence à agir! Les prêts usuraires ou communément prêts avec intérêts, ont un impact colossal sur la pauvreté.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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