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Gabon : l’entretien routier, ce sempiternel défi  

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Dans un rapport publié le 24 février 1989, la Banque mondiale, partenaire du Gabon, présentait déjà les défis en matière d’entretien routier. Suivant un décaissement de 30 millions de dollars environ 20 milliards de FCFA remboursables sur 15 ans, elle prévoyait ainsi d’accompagner le pays à travers un programme d’entretien routier à la fois courant et périodique. Malheureusement, après quelques années de suivi, le naturel des dirigeants gabonais a repris le dessus. Résultat, le réseau routier gabonais est aujourd’hui, 35 ans plus tard, toujours en piteux état, ce qui souligne le sempiternel défi de l’entretien routier.

A son arrivée au pouvoir le 30 août dernier, le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) du Gabon s’engage dans une phase cruciale de transformation nationale avec la mise en œuvre de missions stratégiques. Au titre de ses missions, l’aménagement et la réhabilitation de nombreuses infrastructures routières. C’est ainsi que plusieurs voiries secondaires jusque-là négligées, ont subi une véritable cure de jouvence avec une innovation majeure, le béton. Une excellente initiative de la part des nouvelles autorités. Cependant, une question reste en suspens, quels moyens seront mis en œuvre pour le suivi et l’entretien de ces nouvelles voies ? C’est là où le bât blesse! 

Dans une étude placée sous le thème « Quelle stratégie d’entretien routier au Gabon ? », publiée au milieu des années 2000, le ministère des Travaux Publics, de l’Équipement et de la Construction présentait déjà les failles en matière d’entretien routier. Non pas par manque de moyens, puisqu’un vaste programme de 50 milliards de FCFA cofinancé par les partenaires techniques et financiers et l’Etat gabonais sur la période 91-94 était élaboré et mis en œuvre, mais plutôt par absence de contrôle. C’est bien là toute la problématique liée à l’entretien routier et qui occasionne cette sempiternelle dégradation de notre réseau routier, le Gabon pointant à la 30ème place continentale en matière de qualité de routes. 

Une absence de méthode préjudiciable au réseau routier

En effet, de programmes triennaux et programmes triennaux, de Fonds d’entretien routier (FER) en Fonds d’entretien routiers (FER) en passant par l’Agence nationale des grands travaux d’infrastructures (ANGTI) et plus récemment le Fonds autonome national d’entretien routier (FANER), rien n’y fait. Même en intégrant le principe de privatisation partielle de l’entretien routier, pas grand chose n’a évolué, au contraire, les dérapages budgétaires et autres détournements de fonds se sont multipliés du fait notamment de l’absence de rigueur et de nombreuses failles dans le processus de passation de marchés publics. Mais alors, comment remédier à cette situation qui obère clairement notre processus de développement et affaiblit notre volonté de diversification économique?

Un plan triennal de 1300 milliards de FCFA sur trois ans mais encore?

Si dans son énième plan de développement, l’exécutif gabonais a prévu d’injecter pas moins de 1300 milliards de FCFA pour la construction, la réhabilitation et la modernisation du réseau routier national, les failles en matière de gouvernance de projets et l’inefficacité des cellules de suivi pourraient en être le premier et principal frein. On constate là encore que ce n’est pas l’argent le problème de fond. Avec un réseau routier comptant 9170 km de routes classées et non classées, dont moins de 1000 km seulement sont bitumés, le défi de la construction est immense et celui de l’entretien l’est tout autant.

 
Heureusement, certains pays comme le Japon qui dispose du meilleur réseau routier au monde, sont passés maîtres dans l’art de l’entretien routier avec des méthodes traditionnelles comme Do-Nou, actuellement expérimentée au Burkina-Faso, un autre pays en transition. Le Japon, qui est également un partenaire stratégique du pays, pourrait donc être d’une grande aide dans ce domaine, notamment grâce à l’Agence internationale de la coopération Japonaise (JICA) qui multiplie les initiatives visant à améliorer les conditions de vie des populations gabonaises qu’elles soient urbaines ou rurales. A charge donc aux autorités de repenser leur modèle de développement en la matière. Avoir à peine 10% de routes bitumées pour un pays comme le nôtre, reste tout de même gênant à plusieurs égards.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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