Gabon : le grand retour du gré à gré dans le processus de passation de marchés
En matière de procédures de passation des marchés publics, le Gabon disposait en 2023 d’un score de 12,5 sur 100, le plaçant au 44ème rang des pays africains dans ce domaine. Principale cause, l’usage abusif du gré à gré dans le processus. Il faut dire qu’en dépit de la création d’une direction générale dédiée, rien n’y fait. En 2023 par exemple, 189 marchés publics ont été passés par entente directe pour près de 264 milliards de FCFA, officiellement. Sous le régime CTRI, la pratique a d’ailleurs le don de se poursuivre malgré les assurances du gouvernement.
De Raymond Ndong Sima, chef du gouvernement de la transition, à Charles Mba, ministre des Comptes publics, la volonté de replacer les procédures d’appels d’offres en ce qui concerne les marchés publics a été martelée par les nouvelles autorités. En séance de travail avec son équipe le 30 janvier 2024, le premier ministre insistait sur la nécessité de « privilégier les appels d’offres au détriment du gré à gré, souvent source de corruption ». 189 marchés passés par entente directe pour près de 264 milliards ont par exemple été signés en 2023. Une manière de renforcer le dispositif de passation de marchés publics.
L’idée était donc simple, le « rétablissement de l’appel d’offres comme mode de passage de principe des marchés publics conformément à l’article 71 qui prévoit 15% pour le gré à gré ». Sauf qu’il y a quelques mois, près de 18 milliards de FCFA ont été exécutés pour deux marchés concernant des travaux routiers, par entente directe. Étonnant sous l’ère CTRI qui promettait pourtant rigueur et efficacité budgétaire. Etonnant d’autant plus que ces marchés concernent des routes en béton, nouvelle lubie du CTRI, et dont le km pour ces marchés se chiffrerait à plus de 800 millions de FCFA.
Le grand retour du gré à gré
Relevant des tares allant de la corruption au favoritisme, en passant par le manque de compétitivité et le manque de transparence, ces marchés publics conclus pour un montant de 18 milliards de FCFA remettent donc au goût du jour, la question centrale de l’amélioration des procédures de leur passation. Le gré à gré pouvant inéluctablement ouvrir la porte à des pratiques de corruption et de favoritisme, avec des décisions prises sans la transparence d’un processus concurrentiel, ce retour renforce bel et bien l’idée que le plus sage aurait été de privilégier un assainissement des différentes administrations au cœur du contrôle et de l’exécution budgétaire, avant de se pencher sur le volet de la dépense.
On veut aller vite, vous aussi argument souvent évoqué pour la pérennisation du gré à gré…