Gabon : l’autorité parentale en déclin ?
La présidente du tribunal pour enfants, Greta Marat-Abyla, a récemment rappelé, dans une capsule de conseil parental publiée sur la page de l’UNICEF Gabon, l’importance de l’article 64 du Code de l’enfant. Cet article énonce les devoirs de l’enfant envers sa société, sa famille et ses parents, en soulignant l’obligation d’obéissance envers ces derniers et la légitimité de leur autorité. Toutefois, face à des comportements de plus en plus préoccupants de la jeunesse gabonaise, une question émerge : assistons-nous réellement à un déclin de l’autorité parentale au Gabon ?
De plus en plus de jeunes Gabonais semblent évoluer sans repères, fréquentant les rues tard le soir et s’adonnant à des comportements déviants. Les cas de violence juvénile, notamment en milieu scolaire, se multiplient, le respect des aînés diminue, et les valeurs familiales semblent s’éroder. Certains estiment que cette situation résulte en partie de la désintégration de l’autorité parentale. En effet, nombreux sont les parents qui se retrouvent dépassés, peinant à encadrer et orienter efficacement leurs enfants dans un contexte social et économique de plus en plus complexe.
Les facteurs de l’affaiblissement de l’autorité parentale
Le déclin de l’autorité parentale est attribuable à plusieurs facteurs. D’une part, le manque de temps dû aux exigences professionnelles pousse certains parents à déléguer une grande partie de l’éducation de leurs enfants aux établissements scolaires ou à d’autres structures sociales. D’autre part, l’influence des réseaux sociaux et d’internet expose les jeunes à des idéologies et des comportements qui défient l’autorité traditionnelle et encouragent la rébellion.
Les pressions économiques sont également un facteur majeur, obligeant de nombreux parents à cumuler plusieurs emplois, les éloignant ainsi de la sphère familiale. Cette absence laisse un vide éducatif que les jeunes comblent par des expériences extérieures, souvent sans encadrement adéquat.
Redonner à l’autorité parentale ses lettres de noblesse
L’avenir de la société gabonaise repose en grande partie sur la capacité des parents à éduquer leurs enfants et à leur transmettre les valeurs de respect, de discipline et de responsabilité. Redonner de l’autorité aux parents, tout en favorisant un environnement propice à l’épanouissement des jeunes, représente donc un défi pour le pays. Ainsi, pour contrer cette crise de l’autorité parentale, Greta Marat-Abyla, à travers l’article 64 du Code de l’enfant, invite les parents à réinvestir leur rôle dans l’éducation de leurs enfants, en exerçant leur autorité de manière bienveillante et proactive. « Nous invitons les parents à faire très attention et leur rappelons que ces enfants sont placés sous leur autorité », a-t-elle déclaré.
Pour rappel, le Code pénal gabonais prend en compte les manquements aux devoirs parentaux et familiaux. Son article 271 prévoit des sanctions pour les parents défaillants, incluant jusqu’à 6 mois d’emprisonnement et une amende de 1 000 000 FCFA pour ceux qui n’assument pas leur rôle d’éducateurs. Cette disposition vise à rappeler que la responsabilité d’encadrer les jeunes et de leur transmettre des valeurs incombe avant tout aux parents. Cependant, ces sanctions semblent insuffisantes face à l’ampleur du problème, surtout lorsque des parents affirment avoir tout tenté pour élever leurs enfants dans le respect et la discipline, souvent sans succès.