Gabon: l’ANBG, ce gouffre à sous privatisé sous la Présidence d’Ali Bongo Ondimba
Dans l’un de ses derniers rapports connus, à savoir celui de 2018, la Cour des Comptes présentait au président Ali Bongo Ondimba, les résultats de son audit réalisé dans le secteur de l’enseignement. Ciblant principalement l’Agence nationale des bourses du Gabon (ANBG) et sa gestion sur la période allant de 2011 à 2018, la haute juridiction financière relevait notamment « des insuffisances concernant le cadre institutionnel et organisationnel ainsi que la gestion des bourses ». Une gestion dont l’une des failles se situe au niveau de « l’inadéquation entre l’offre de formation et l’augmentation des effectifs des boursiers nationaux ».
S’il y a une question qui devrait peser de tout son poids dans cette transition amorcée le 30 août 2023, c’est bien celle relative à la création tous azimuts de ces agences aux résultats plus que mitigés. Créées pour un objectif d’optimisation des ressources, elles sont pour la plupart, sinon la totalité, devenues au fil des ans, des gouffres à sous, aussi bien pour la Présidence de la République à qui elles rendent directement compte, mais également pour des directeurs généraux devenus super puissants. C’est le cas de l’Agence nationale des bourses du Gabon (ANBG).
Créée en 2011, soit deux ans après l’accession à la magistrature suprême d’Ali Bongo Ondimba, cette agence censée « garantir à tous les étudiants des chances équitables d’accès et de réussite dans l’enseignement supérieur » n’a pas été à la hauteur de la tâche. Pis, en plus de dix ans, elle n’a pas été en mesure de résoudre l’équation de « l’inadéquation entre l’offre de formation et l’augmentation des effectifs des boursiers nationaux » comme le révélait en 2018, la Cour des Comptes.
En effet, entre « l’absence de conditions d’âge et de moyenne dans l’attribution des bourses d’études qui a eu pour conséquences l’augmentation exponentielle des effectifs des boursiers et des budgets alloués à l’ANBG », mais également « l’inadéquation entre les formations ouvertes par l’ANBG et les besoins prioritaires contenus dans le PSGE » comme le souligne toujours le rapport de la haute juridiction financière, cette agence s’est révélée inefficace. Une inefficacité liée à son cadre institutionnel et organisationnel, puisque le ministère de l’Enseignement supérieur à qui elle est rattachée, n’est pas en mesure d’exercer son pouvoir hiérarchique « en raison du rattachement de l’ANBG à la Présidence de la République ».
Entraînant de facto cette inadéquation précitée du fait d’une totale autonomie vis-à-vis de sa tutelle, cette situation a conduit à des dérives particulièrement graves à l’image du bâtiment pharaonique dont l’agence s’est dotée. Alors qu’elle devait permettre de réorienter les priorités nationales en matière d’enseignement supérieur, de mieux arrimer l’offre de formation aux besoins stratégiques, cette agence aux multiples remous, comme en témoignent les manifestations d’étudiants demandant leurs bourses chaque année, se serait-elle donc simplement contentée d’enrichir certains ?
GMT TV