Gabon: de la nécessité de reconstruire l’école publique
En lambeaux, le secteur éducatif gabonais mérite une cure de jouvence. En effet, malgré un taux de scolarisation très élevé, notre pays enregistre un rendement scolaire quasi nul, dû en partie, au délaissement de l’État à l’égard de l’école publique. Un abandon perceptible par la vétusté des infrastructures, l’absence d’équipements et de matériels adéquats donnant lieu à l’émergence d’une école privée chère et pas nécessairement performante. Explications.
Selon le rapport statistiques basiques et plan sectoriel de l’éducation du Gabon réalisé en 2019, plusieurs disparités justifient l’inefficacité du système éducatif national. Si L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) admet que « le taux net de scolarisation pour le primaire » est en croissance continue avec respectivement « 88,3 et 58,2 % » au primaire et au secondaire, il ressort que « le système préscolaire est très limité en raison de l’insuffisance des places disponibles ».
Par ailleurs, il est inéluctable que ces carences multiples et variées conduisent aux rejets scolaires liés au taux élevé de redoublement. A cet effet, une étude de l’organe onusien révèle que le taux de redoublement est à « 30% ». Aussi incroyable que cela puisse paraître, l’abandon scolaire croît dangereusement. « Au supérieur, les étudiants du premier cycle représentent 67% des effectifs tandis que ceux de second cycle seulement 25% », précisent ladite étude. Toute chose qui occasionne l’exode vers les établissements privés en dépit du coût élevé des formations proposées.
Alors, il serait judicieux que les pouvoirs publics priorisent davantage l’investissement dans le secteur éducatif notamment dans le perfectionnement de l’école publique. Mais cela passe par une collecte exacte des données statistiques permettant de cerner l’environnement scolaire afin d’y déployer des actions ciblées visant à le booster. Pour l’instant, on est loin, très loin de cette éventualité qui s’avère indispensable car, il n’est plus tolérable d’enregistrer des salles de classe de plus de 100 élèves au primaire et 3500 étudiants à l’Université Omar Bongo (UOB), surtout quand on connaît le déficit criant en termes d’enseignants.
Pour rappel, signataire de la déclaration de Paris issue de la COP21, le Gabon s’est engagé, à travers la « Déclaration d’Incheon » à mettre en musique les mécanismes idoines visant à atteindre l’Objectif de développement durable 4 (ODD 4). Mêlé à l’agenda 2063 cher à l’Union Africaine. Seulement, plusieurs années après, cet engagement semble n’être resté qu’au stade de belles chansonnettes au détriment de cette école qui a formé les élites de ce pays, devenu un mouroir d’intelligences. Pas sûr que le Pr. Patrick Mouguiama-Daouda en soit fier, lui qui est un fin connaisseur des exigences pédagogiques pour un système éducatif performant, en sa qualité d’enseignant-chercheur.