Gabon: «le chevalier blanc» des forêts à la peine
Ministre à la fois des Eaux, des Forêts, de la Mer, de l’Environnement, chargé du Plan climat et surtout du très lucratif Plan d’affectation des terres gabonaises, Lee White présenté dès son arrivée comme « le chevalier blanc » des forêts gabonaises, fait aujourd’hui la pluie et le beau temps en ce qui concerne l’or vert. Multipliant les roads-shows et autres inaugurations notamment au sein de la Zone économique spéciale (ZES) de Nkok, celui qui peine pourtant à ramener calme et sérénité au sein de son département, est aujourd’hui au cœur de la nouvelle stratégie de développement.
Plus de 12000 hectares de terres accordées aux exploitants agricoles au terme de la 6ème session ordinaire de la Commission nationale d’affectation des terres (CNAT) d’août 2020, dans l’optique de « permettre un meilleur investissement dans le secteur de l’agriculture, une hausse de la création d’emplois, et une meilleure sécurité alimentaire sur le plan national ». « Restructuration » de l’ANPN pour une « gestion rationnelle du capital naturel du Gabon ». Opacité sur l’exploitation de Kevazingo et d’autres essences. Difficile aujourd’hui de cerner la stratégie de développement du secteur forestier mise en place par Lee White.
En effet, à l’heure où le Syndicat national des professionnels des Eaux et Forêts (Synapef) vient une nouvelle fois de déclencher une grève générale illimitée, dénonçant une « violation du Protocole d’Accord du 02 Septembre 2020 » comme l’a souligné Pierre Mintsa, il apparaît de plus en plus difficile de comprendre le management de celui qui a été présenté dès son arrivée il y deux ans comme « le chevalier blanc » des forêts gabonaises. Il faut dire qu’en dépit de nombreuses inaugurations en trompe l’œil au sein de la Zone économique spéciale (ZES) de Nkok, son administration apparaît de plus en plus instable.
Ainsi, bien que placé au cœur de la nouvelle stratégie économique du pays dans la mesure où les forêts sont le troisième secteur prioritaire dans le Plan de relance de l’Économie (PAT) 2021-2023, ce département peine pour l’heure à dégager la sérénité nécessaire à son développement. Loin de l’euphorie suscitée par sa nomination il y a moins de deux ans, Lee White donne désormais l’impression de naviguer à vue, et surtout de brader l’or vert dans un contexte où celui-ci devrait pourtant contribuer à assurer la transition de notre économie vers un modèle plus diversifié.
« Initié à la forêt africaine », celui qui a « regardé le gorille à dos argenté dans les yeux, à 30 cm, l’éléphant fâché à 1 m » peine donc à ce jour à regarder les agents aussi bien des Eaux et forêts que des parcs nationaux de la même manière. Résultat, les crises se multiplient, rendant difficile le renforcement des contrôles et du dispositif de traçabilité du bois mais également la formation du capital humain aux métiers de la filière bois pourtant énoncé dans le PAT. Décrié pour n’avoir pas su « faire du Gabon une destination touristique » en un peu plus de dix ans à la tête d’une l’ANPN qu’il a fini par faire disparaître, Lee White est donc plus que jamais attendu.