Gabon: avec ces 4162 milliards, le CTRI se dote du plus gros budget de l’histoire du pays
Quelques semaines après avoir évoqué « la furie financière » du régime déchu, le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) a présenté à travers son gouvernement, le projet de loi déterminant les ressources et les charges de l’Etat pour l’année 2024. Équilibré en ressources et en charges à 4162 milliards de FCFA, ce budget est étonnamment, le plus élevé de l’histoire du Gabon avec une hausse de 559,7 milliards de FCFA par rapport au budget précédent. Un budget par ailleurs élaboré sur des hypothèses quasi identiques, à celles prévues par le régime déchu.
Alors qu’on aurait pu s’attendre à ce que le budget 2024 marque un tournant décisif notamment en termes d’orthodoxie financière, le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) a semble-t-il décidé d’emboîter le pas au régime Ali Bongo. Et pour cause, alors qu’on aurait pu penser que le projet de budget 2024 soit restreint et ciblé en mettant un accent sur des projets prioritaires, notamment dans les infrastructures, il semblerait que les autorités aient décidé de miser sur l’esbroufe.
En effet, équilibré en ressources et en charges à 4162 milliards de FCFA, ce budget, n’est ni plus ni moins, que le plus élevé de l’histoire du Gabon, affichant une hausse de 559,7 milliards de FCFA par rapport au budget précédent. Un chiffre grandiloquent, basé uniquement sur des hypothèses particulièrement optimistes qui, du reste, sont quasiment identiques à celles prévues par le régime déchu à savoir : une production pétrolière à plus de 80 millions de barils et une production de manganèse à 10 millions de tonnes.
Un budget orienté vers le développement de l’activité économique
Orienté vers le soutien au développement de l’activité économique, notamment à travers la relance de nombreux projets d’investissement, la consolidation des acquis sociaux avec l’octroi de nombreuses aides sociales, l’accroissement des recrutements des agents publics et la régularisation des situations administratives et l’optimisation des recettes par le biais de l’élargissement de l’assiette fiscale et l’informatisation accrue, ce nouveau budget interroge donc à plus d’un titre.
Quand on sait que le recrutement des agents publics et la régularisation des situations administratives devraient coûter énormément à un Etat qui doit déjà chaque année dégager plus de 700 milliards de FCFA en salaires et traitements, et que dans le même temps la volatilité des marchés, les tensions géopolitiques et le ralentissement de la croissance chinoise, devraient remettre en cause les hypothèses sur lesquelles repose le cadrage macroéconomique et budgétaire 2024, difficile de comprendre cette planification susceptible de renforcer le déficit budgétaire.
Quand on parle d’une évolution d’un chiffre d’affaires ou d’un budget, il faut toujours mentionner le pourcentage de cette évolution et les grandes lignes ayant occasionné celle-ci.
Actuellement la masse salariale de la fonction publique représente environ 17% du budget de l’Etat. Et quand on sait que la norme de ce taux en zone CEMAC est fixée à 35% du budget alors, le gouvernement pourrait doubler cette masse salariale en toute légitimité. Toutefois, je ne pense pas que cela fasse partie de leur politique.