Gabon: après Ceca-Gadis, l’Etat met la main sur les actifs d’Assala
Deux semaines après avoir annoncé l’acquisition de 35% des parts de la Compagnie d’exploitation commerciale africaine gabonaise de distribution (Ceca-Gadis), l’Etat gabonais qui vient de se doter d’une direction générale des participations, vient d’acquérir 75% des parts du pétrolier Assala. Deuxième opérateur du pays, la société détenue jusque-là par le groupe américain Carlyle, est donc passé sous pavillon GOC comme annoncé ce jeudi 15 février. Une acquisition qui renforce l’idée d’un retour de la souveraineté économique nationale.
Après l’avoir annoncé dans son adresse à la nation le 31 décembre dernier, le Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema a officialisé ce jeudi au Palais Rénovation, la signature d’accords marquant le rachat de la Société Assala par l’Etat gabonais par le truchement de la Société nationale des hydrocarbures, Gabon Oil Company (GOC). Levant un temps soit peu les doutes qui persistaient sur la capacité de l’Etat gabonais à réaliser cette opération avant la deadline, cette nouvelle acquisition s’inscrit dans la dynamique actuelle de retour de souveraineté économique nationale.
En effet, conclu deux semaines après l’acquisition des parts dans la Compagnie d’exploitation commerciale africaine gabonaise de distribution (Ceca-Gadis), cet accord portant sur les actifs d’Assala qui vise à sécuriser les ressources nationales d’une part, et d’avoir une gestion autonome dans les ressources pétrolières de l’autre, intervient dans le contexte particulier de transition et de restauration des institutions. Autant dire, dans un contexte particulièrement difficile pour un pays appelé à fournir de nombreux efforts, notamment en matière de structuration des investissements.
Un rachat qui permettra au Gabon « d’élever son PIB, d’augmenter ses recettes et de marquer sa souveraineté dans le secteur pétrolier »
Pari stratégique mais pour le moins risqué pour le Général Oligui Nguema qui doit faire face à de nombreux défis à court et moyen termes, notamment sur le plan social et infrastructurel, ce rachat des actifs d’Assala permettra « au Gabon d’élever son PIB, augmenter ses recettes et marquer sa souveraineté dans le secteur pétrolier qui représente le poumon de l’économie nationale ». Une bonne chose donc, même si des doutes subsistent quant à la capacité des dirigeants à faire preuve de rigueur et de discipline budgétaire dans un contexte où le pays vient de reculer d’un rang en matière de corruption et probablement de gouvernance.
Un acte de départ traduisant l’intention de reconquérir notre souveraineté
Rappelant qu’à travers « cette opération le Gabon n’a fait qu’exercer son droit souverain sur ses ressources naturelles à l’instar d’autres pays », le Général Oligui Nguema a indiqué son « intention de reconquérir notre souveraineté et faire en sorte qu’aux yeux des Nations amies, le Gabon immortel reste digne d’envie ». Des mots forts de la part du président, mais qui sont loin de refléter les maux forts et la crise que traversent les entreprises pétrolières nationales à l’image de la Société Gabonaise de Raffinage (Sogara), qui peine à moderniser son outil productif.
A noter que cette opération décriée sur les marchés financiers par de nombreux experts, n’a pu être réalisée que grâce à l’intervention d’un partenaire financier étranger, en l’occurrence une société de trading pétrolier, qui devrait sauf énorme surprise, s’assurer des revenus conséquents dans cette opération de « souveraineté ». Toute chose qui laisse planer le spectre du deal Chevron-Glencore-Etat Tchadien de 2014.