Gabon : 413 km de routes revêtus en bitume, en béton et en pavé, vraiment ?
Lors de son premier discours de voeux à la nation prononcé en décembre 2023, le président de la transition Brice Clotaire Oligui Nguema annonçait que son gouvernement, en seulement 4 mois avait lancé des travaux de voirie des grandes villes et que 413 km de routes qui ont été revêtus en bitume, en béton bitumineux et en pavé. 413 km, soit plus de la moitié des 672 km de routes bitumées par Ali Bongo entre 2009 et 2016. Une prouesse annoncée sur le papier mais difficilement perceptible sur le terrain un an après le début de la transition.
Le Gabon compte un peu plus de 9 000 kilomètres de routes dont seulement 20% sont bitumées, ce qui signifie que le réseau n’est presque pas revêtu. A peine 20% des routes non bitumées sont en bon état. La problématique est donc réelle puisqu’elle freine le développement et les velléités de diversification de notre économie. En arrivant à la tête du pays le 30 août 2023, le président de la transition annonçait une politique de grands chantiers avec comme axe prioritaire, la construction et la réhabilitation des voiries de nombreuses grandes villes du pays.
413 km de routes revêtus en bitume, en béton bitumineux et en pavé?
Quelques semaines seulement après s’être assis sur le trône, un plan directeur était lancé. Dénommé Plan national de développement pour la transition (PNDT), ce plan chiffré dans un premier temps à plus de 4536 milliards de FCFA, présentait un premier pilier axé sur le développement des infrastructures stratégiques, notamment les infrastructures routières. A ce titre, Oligui Nguema annonçait en décembre, soit quatre mois après sa prise de pouvoir, le bitumage de 413 km de routes. Mais où sont donc ces 413 km de routes dont parle le président ?
Si effectivement des zones comme Alenakiri, Montalier, Bambouchine, Gare routière, Akébé, Nkembo ou plus récemment Ntoum-Kango, ont connu une cure de jouvence, d’autres comme le tronçon Ndjolé-Bifoun sont encore difficilement praticables. A l’intérieur même de Libreville, des axes comme Awendjé-Bangos sont toujours difficilement praticables, plusieurs accidents y sont enregistrés. D’autres comme Melen-PK12 via le camp BRC, important chemin de contournement de la nationale 1 ne sont pas encore passés au bistouri. En évoquant 413 Km soit bien plus que le nombre de km bitumés par Ali Bongo au cours de son second mandat, le nouvel homme fort du pays semble avoir mis la charrue avant les boeufs, comme il l’avait d’ailleurs fait concernant la dette publique qu’il avait dans le même discours, annoncé avoir « payé ».
D’annonces en annonces, sans tenir compte de la réalité budgétaire qui invite pourtant à la prudence. De dépenses extra budgétaires en dépenses extra budgétaires, dont le bilan pourrait s’avérer très lourd pour des finances publiques déjà dans le rouge avec une dette qui devrait dépasser les 8000 milliards de FCFA d’ici fin décembre 2024. De projets non prioritaires en projets non prioritaires dans un contexte de déficit infrastructurel, le général-président a fait beaucoup plus d’annonces que de réalisations un an après le début de son mandat transitoire. Des annonces qui ont malheureusement amené certains hauts responsables à en profiter, usant de surfacturation, de gré à gré à souhait, engageant l’Etat dans un nouveau wagon de dérapages budgétaires.
GMT TV