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Énergie : le gazole domine toujours le marché, le Gabon face à ses vulnérabilités

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Alors que le monde s’oriente progressivement vers une transition énergétique, le Gabon reste solidement arrimé à un modèle fondé sur le gazole, carburant qui continue de dominer le paysage pétrolier national. Selon les dernières données du ministère du Pétrole, publiées pour le mois d’avril 2025, ce produit représente plus de 64 % des ventes de carburants, confirmant la dépendance du pays à cette ressource stratégique, à la fois pour le transport routier et pour plusieurs secteurs industriels.

Une tendance qui interroge à l’heure où les vulnérabilités liées aux fluctuations du marché international, à la pression environnementale et aux limites du raffinage local deviennent de plus en plus criantes.

Une production locale insuffisante face à une demande soutenue

Le rapport ministériel indique que plus de 12 985 tonnes de gazole ont été importées en avril, en complément des 33 037 tonnes produites localement, principalement à la raffinerie de la SOGARA. Malgré un rythme de production soutenu — estimé à 127 tonnes par heure — la capacité locale reste inférieure à la demande structurelle du marché.

Cette situation, loin d’être conjoncturelle, met en évidence une dépendance persistante aux importations, qui fragilise la souveraineté énergétique nationale. Elle soulève aussi la question des investissements nécessaires pour moderniser l’outil industriel et renforcer la résilience du secteur.

Une facture énergétique lourde pour l’État

Outre le gazole, d’autres produits essentiels continuent de faire l’objet d’importations massives : 4 327 tonnes de butane, 11 000 tonnes d’essence et près de 4 000 tonnes de kérosène ont été livrées au Gabon en avril, faute d’une production nationale suffisante. Cette dynamique, alimentée par une consommation urbaine en hausse et l’absence de diversification dans les usages énergétiques résidentiels et agricoles, pèse directement sur les finances publiques.

En mai 2025, la Commission nationale des prix a estimé à plus de 6 milliards de FCFA le coût net engendré par le mécanisme de stabilisation des prix à la pompe. Une pression budgétaire de plus en plus difficile à absorber, dans un contexte de tensions sur les équilibres macroéconomiques.

Vers une stratégie énergétique plus résiliente ?

Pour de nombreux experts, le statu quo n’est plus tenable. La dépendance au gazole, l’exposition aux prix mondiaux et la faiblesse du mix énergétique rendent impérative une refonte du modèle actuel. Cela passe notamment par le développement des carburants alternatifs, un appui renforcé aux solutions hors-réseau, et la diversification des sources d’énergie dans les secteurs productifs.

Si le Gabon souhaite réduire sa vulnérabilité et asseoir sa sécurité énergétique, il lui faudra faire preuve de volontarisme politique et accélérer les réformes structurelles. Sans quoi, le coût économique et social de cette dépendance ne fera que croître.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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