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Éducation nationale : l’arrimage des coefficients, aveu d’impuissance ou véritable innovation ?

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Alors que le contexte éducatif actuel est en pleine mutation, le Gabon a récemment fait le choix d’une réforme majeure visant à uniformiser les coefficients des matières au niveau secondaire. Portée par Camélia Ntoutoume Leclercq, ministre de l’Éducation nationale, cette initiative met fin à plus de 55 ans d’un système de coefficients variables, certes, souvent critiqué pour son rôle dans le taux alarmant d’échec scolaire, qui touche environ 35 % des élèves gabonais chaque année. Pourtant, il ne semble pas que ce soit les coefficients le problème. À titre de comparaison, des pays comme le Sénégal et le Cameroun affichent des taux respectifs de 11 % et 25 % avec des coefficients variables.

La réforme repose sur l’Approche par les compétences (APC), qui privilégie une évaluation équilibrée en attribuant un coefficient unique à toutes les matières. Elle vise à mettre fin à la domination des matières scientifiques, qui, dans le système précédent, pénalisaient les élèves moins performants dans des disciplines comme les mathématiques et le français, même si ces derniers excellaient dans d’autres domaines. Cette démarche pourrait donc réduire, supposément, le taux de redoublement et favoriser une diversité des talents, un objectif que le Gabon s’est fixé pour 2026.

Cependant, cette initiative pourrait aussi être perçue comme un aveu d’impuissance face à des problématiques plus profondes. La question se pose : cette uniformisation des coefficients est-elle réellement une innovation éducative ou simplement un moyen de masquer les lacunes d’un système sous-financé et mal préparé aux défis modernes ? Pour mieux appréhender cette question, on pourrait comparer le Gabon avec des pays comme le Maroc et l’Afrique du Sud, qui ont su intégrer les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) dans leur système éducatif. 

Les exemples du Maroc et de l’Afrique du sud

Au Maroc, par exemple, des initiatives ont été mises en place pour développer l’enseignement numérique, tout en améliorant l’infrastructure éducative et en augmentant le budget dédié à l’éducation. L’accent est mis sur l’acquisition de compétences pratiques et sur l’encouragement de l’innovation, tout en conservant un système de coefficients adapté aux réalités du marché de l’emploi. L’Afrique du Sud, quant à elle, a investi massivement dans l’éducation, avec un budget de l’État représentant environ 6 % du PIB. Cette approche proactive a permis de mettre en place des programmes d’apprentissage adaptés aux exigences contemporaines, intégrant les NTIC pour améliorer l’enseignement et l’apprentissage. Résultat, elle a pu sortir Elon Musk, créateur de Space X ou Paypal.

Un besoin urgent de financement


Face à ces comparaisons, il apparaît clairement que le Gabon doit augmenter le pourcentage de son PIB dédié à l’éducation pour éviter que des mesures comme l’arrimage des coefficients ne sonnent comme un aveu d’impuissance. Investir davantage dans l’éducation permettrait non seulement de moderniser le système, mais aussi de développer des infrastructures, de former les enseignants et d’intégrer les NTIC, garantissant ainsi une éducation de qualité pour tous les élèves. L’uniformisation des coefficients ne saurait donc clairement être un substitut à des réformes structurelles profondes et à un financement adéquat. Le Gabon doit s’inspirer des expériences de pays qui réussissent. L’avenir de l’éducation gabonaise dépendra de cette capacité à s’adapter et à innover.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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