CEMAC : la BEAC plaide pour une restructuration des raffineries de la région
En marge de la présentation des conclusions du Comité de Politique Monétaire (CPM) de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) qui ont statué sur le maintien des taux directeurs, le gouverneur de l’institution, Yvon Sana Bangui est revenu sur la nécessité pour les Etats pétroliers de la région, de renforcer leurs positions stratégiques. Conscient de la dépendance de l’économie de la région aux produits de base, le nouvel homme fort de la BEAC qui a récemment invité la société de raffinage de N’Djaména à augmenter sa production, en a profité pour inviter les autres pays à en faire de même.
« Aujourd’hui, le fait que tous les pays de la CEMAC importent les produits pétroliers crée une très forte pression sur nos réserves de change (…) Je voudrais lancer un appel solennel à l’attention des autorités et des dirigeants de l’entreprise de tout mettre en œuvre en vue de satisfaire la demande nationale et celles de la sous-région ». C’est en substance le message passé par Yvon Sana Bangui, gouverneur de la BEAC, lors de son récent séjour en terre tchadienne. De cette invite, deux faits majeurs, d’une part la nécessité pour les pays de la région de limiter les importations en dehors de la CEMAC qui induisent des coûts supplémentaires et ont impact sur les réserves de change, d’autre part la nécessité pour les Etats pétroliers de la région, de se doter d’infrastructures capables de soutenir le développement.
En effet, en invitant la société de raffinage de N’Djaména à en faire plus, alors qu’elle transforme déjà 1 million de tonnes de pétrole brut par an en jet A1, GPL, essence, gazoil, fioul et polypropylène tout en produisant 10 mégawatts d’électricité qui sont vendus à l’Etat tchadien, Yvon Sana Bangui a implicitement souligné la nécessité pour les autres raffineries de la région, de se mettre au niveau. Une missive qui prend tout son sens au Gabon, qui vient de racheter les actifs d’Assala, mais qui étonnamment, peine à assurer la modernisation de l’outil productif de la société gabonaise de raffinage (Sogara), en dépit de son rôle crucial aussi bien pour le quotidien des populations locales que pour notre économie.
Sortir de l’ornière et limiter les importations de produits pétroliers
Condamné depuis quelques années à s’approvisionner en produits pétroliers au Togo, qui est d’ailleurs le principal fournisseur du pays au terme des trois premiers mois de l’année comme le révèle la note de conjoncture sectorielle de la direction générale de l’économie et de la politique fiscale (Dgepf), le Gabon aura donc tout intérêt à revoir sa stratégie pour non seulement faire des économies substantielles en interne, et favoriser l’amélioration des réserves de change dans la région. Toute chose qui devrait de facto, lui permettre d’améliorer son impact et ainsi de pouvoir plus facilement solliciter des fonds auprès des investisseurs de la région.
Stabilisées à 7285 milliards de FCFA à fin 2024 comme l’a rappelé le comité de politique monétaire en marge de l’annonce du maintien des taux directeurs, les réserves de changes qui pâtissent largement de ces échanges en devises étrangères, seront donc en bonne place lors des prochains rendez-vous communautaires. Les six Etats membres de la CEMAC qui devront progressivement intégrer la BEAC dans l’élaboration de leurs plans de développement pour une meilleure prise en compte des enjeux communautaires, devront donc axer leurs efforts sur le développement d’un véritable tissu industriel capable de tirer nos économies vers le haut.