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Capellogate: l’ancien d’Azingo Armand Ossey sort du silence et cite des noms

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L’affaire de scandale sexuel qui a éclaboussé la sphère footballistique locale mettant en cause plusieurs acteurs du ballon rond semble repartie de plus belle. Et pour cause, l’ancien international gabonais du temps d’Azingo Armand Ossey a livré un témoignage glaçant où il pointe du doigt plusieurs personnes influentes en l’occurrence Jean Bahoken tandis que d’autres évoquent Guy Mandarano, rapporte The Guardian.

Si Stéphane Nguema semble botter en touche en assimilant le Capellogate à un vaste complot monté qui serait ourdi par son ancien coéquipier en sélection Rémy Ebanega, d’autres anciens footballeurs corroborent les conclusions de l’enquête menée depuis 2 ans par Romain Molina. D’ailleurs, après Brice Mackaya qui a clairement déclaré avoir maintes fois alerté le président sortant de la Fédération gabonaise de football (Fegafoot) Pierre Alain Mounguengui, c’est au tour d’Armand Ossey de sortir du silence. 

Armand Ossey ne fait pas dans la langue de bois

Dans un entretien accordé au média britannique The Guardian, l’ancienne gloire d’Azingo passée par Grenoble et Rouen en France et Moreirense au Portugal livre sa part de vérité sur ce réseau qui daterait de plus de 30 ans. « Tout a commencé au début des années 90, je n’étais qu’un adolescent à l’époque, mais comme presque tous mes coéquipiers, nous avons vu cela prendre le dessus sur notre football », a-t-il indiqué. Ce dernier fait allusion à l’affaire de pédophilie dans le football comme voie royale vers une carrière professionnelle.

Pour Armand Ossey, les victimes n’auraient pas le courage de sortir de la loi de l’omerta à cause du regard des gens et la stigmatisation qui pourrait y naître. « Le sentiment de honte prédomine », a-t-il déclaré. Avant de renchérir en déclarant « beaucoup de mes amis y sont allés et ne veulent pas en parler. Expliquer cela dans notre société n’est pas facile. C’est aussi pour ça que je parle », a-t-il souligné. Occasion pour ce sportif affirmé de pointer du doigt celui qui serait un des précurseurs de la pédocriminalité dans le football gabonais.

Il s’agit d’un ressortissant camerounais qui officiait à l’USM Libreville, club du Général Jean Boniface Assele. « On l’appelait ‘Prési’, mais en réalité il s’appelait Jean Bahoken. Il m’a fait me déshabiller, m’a mis devant des films pornographiques et a essayé de me maltraiter », a-t-il relaté. Aussi, précise-t-il « J’ai eu de la chance d’échapper au pire ». L’épisode aurait pu être facile pour ses bourreaux si le jeune aspirant à la carrière de footballeur professionnel n’avait pas été sage et ferme dans son refus.

« Quand j’étais à l’USM, il m’a appelé dans son bureau. Il m’a dit tu es un bon joueur, mais tu manques de présence d’esprit ! C’était leur expression utilisée par lui et Capello. Selon eux, ils devaient nous insuffler une présence d’esprit en nous abusant. Ils ont dit que c’était ce qui allait faire de moi un grand joueur capable de résister à la pression », a-t-il indiqué dans les colonnes de notre confrère britannique. Il convient de préciser que Jean Bahoken est décédé dans son pays d’origine en laissant Patrick Assoumou Eyi alias « Capello » pérenniser la pratique qui lui a valu d’être écroué à la prison centrale de Libreville.

D’ailleurs, l’ancien scout qui a joué comme acrobate pour le cirque de l’Équateur, aurait déclaré devant les magistrats qu’il avait commencé sa basse besogne lors de ses premiers pas de coach à Orambaka. Des aveux soutenus par Shiva Star N’Zigou qui a publiquement indiqué que « Eyi m’a fait des propositions, comme beaucoup d’autres personnes. C’est un secret de polichinelle », a-t-il déclaré. Il avait été miroité à ces footballeurs  l’opportunité de disputer le prestigieux tournoi de Montaigu en France. 

Guy Mandarano, acteur clé du Capellogate?

Homme d’affaires gabonais vivant au pays de Marianne, Guy Mandarano, aurait été le point de jointure entre Libreville et Montaigu. « Il a commencé au début des années 90 et ne s’est pas caché. Pour aller en France, on n’avait pas le choix de toute façon », révèle une victime aujourd’hui reconvertie en manager immobilier en France. Fondateur du club Ermöglichen au Gabon qui s’était établie comme la plaque tournante de l’industrie footballistique au Gabon dans les années 1990 a toutefois réfuté ces accusations. « Un tissu de mensonges. Comment pourrais-je encourager ou amener mes joueurs à être traumatisés et abusés sexuellement ? », aurait-il déclaré à The Guardian.

Pour sa part, un autre international gabonais n’a pas manqué de pointer du doigt le même acteur. Pour ce dernier, il est clair que la Fegafoot et ses sbires sont de mèche. En effet, après plusieurs années au Portugal où il a longtemps évolué comme footballeur, Parfait Ndong fit son retour en 2018 au Gabon où il ouvrit son académie dénommée Jardin de football du Gabon.Confronté au problème de pédophilie qui lui était rapporté par des jeunes footballeurs, il déclare avoir saisi Pierre Alain Mounguengui, en sa qualité de patron du ballon rond.

« J’ai alerté le président de la Fegafoot Mounguengui sur les abus sexuels, mais qu’est-ce qui a été fait ? Rien. Tout le football gabonais est conscient de ces problèmes de pédophilie, mais rien n’a été fait pour nos enfants », a-t-il déclaré lors de son passage à l’émission le Canapé Rouge éditée par Global Media Time. Sauf que celui que nombre d’observateurs décrivent comme un homme froid ne donnera aucune suite favorable. Des témoignages sourcés qui viennent davantage appuyer la détermination de la Fifpro, le syndicat international des joueurs, qui a d’ores et déjà appelé la FIFA à ouvrir une vraie investigation. Nous y reviendrons !

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

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