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Transport maritime : les justifications abracadabrantesques d’Ernest Ndong Nguema qui font mentir le CTRI

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Le directeur général des Hydrocarbures, Ernest Ndong Nguema tenterait-il de faire avaler des couleuvres aux usagers des transports maritimes, plus particulièrement ceux empruntant l’axe Port-Gentil-Libreville ? C’est le sentiment qui pourrait se dégager au vu des tentatives d’éclaircissement que le responsable de cette administration a tenu à apporter au sujet de sa responsabilité dans la non-application de l’arrêté n°001274/MEEDD/MBCPFP/MPERH du 07 août 2013  instituant un gasoil industriel, qui a pour incidence l’augmentation par les compagnies maritimes du prix du billet du bateau. Des explications qui in fine pourraient ébranler une décision du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) du moins si on s’en tient au dire du DGH. Lecture ! 

En effet, répondant à notre article intitulé Gabon : la non-application d’un arrêté par la DGH à l’origine de la hausse du prix du billet Port-Gentil-Libreville ! le directeur général des Hydrocarbures Ernest Ndong Nguema a dans un article paru ce jeudi 23 mai 2024 dans les colonnes du quotidien L’Union tenu à apporter des précisions sur la responsabilité de cette administration dans la problématique de la hausse des prix du billet dans les bateaux exploitant la ligne Port-Gentil-Libreville. 

Justifiant son inaction face à la détresse vécue par les populations qui sont obligées de débourser 42 000 FCFA, Ernest Ndong Nguema argue que l’arrêté n°001274/MEEDD/MBCPFP/MPERH du 07 août 2013  instituant un gasoil industriel aurait été abrogé par les dispositions de l’arrêté n°0003/MDDEPIP/MPH du 29 janvier 2016 déterminant les modalités de fixation des éléments de la structure des prix des produits pétroliers mis à la consommation. Sauf qu’en consultant le dernier arrêté cité, celui-ci n’abroge en rien l’arrêté n°001274/MEEDD/MBCPFP/MPERH du 07 août 2013, mais revient simplement sur les éléments qui composent la structure des prix. 

Logimar 241 et NGV volontairement exclus des exemptions 

Poursuivant son propos, le directeur général des hydrocarbures relève que le carburant au tarif ménage est subventionné par l’État et que s’il fallait l’appliquer « à une catégorie d’industriels, cela augmenterait automatiquement le montant de la subvention supportée par le budget de l’État ». Or, selon les informations recueillies par Gabon Media Time, cette position serait une pure fuite en avant visant à se dédouaner puisque selon la structure des prix des carburants en hors réseaux en date du 1er mai 2024 le tarif appliqué au gasoil transport est de 450 FCFA quant celui appliqué au deux compagnies maritimes est de  1 145 FCFA. Plus clairement, des acteurs telles que les transporteurs des produits pétroliers, la Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII), les pirogues assurant le transport fluvial et même les compagnies pétrolières assurant le transport de leur personnel et leur matériel sur site acquiert le carburant au prix hors réseaux soit 450 FCFA. Qu’est-ce qui justifie donc ce deux poids deux mesures, surtout que les deux compagnies maritimes Logimar 241 et NGV assurent un service public, en l’occurrence le transport des Gabonais. 

Ernest Ndong Nguema désavoue le CTRI

Pis, en choisissant cette ligne de défense, Ernest Ndong Nguema semble prendre à contre-pied une mesure prise par le Comité pour la transition et la restauration des institutions. En effet, dans son communiqué n°39 le CTRI s’appuyant sur l’article 4 de l’arrêté n°001274/MEEDD/MBCPFP/MPERH du 08 aout 2013 instituant un gasoil industriel en République Gabonaise, soi-disant abrogé selon le DGH, accorde une exonération à la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) lui permettant d’acheter du gasoil à 575 FCFA contre 1010 FCFA à l’époque. Qui donc du CTRI et du directeur général des hydrocarbures est en porte-à-faux avec la législation dans ce dossier ?  

Si pour tenter de noyer le poisson, la Direction générale des Hydrocarbures fait dire à nos confrères que « la Commission nationale des prix des produits pétroliers (CNPPP) est en train de prendre des mesures pour faire baisser le prix du carburant industriel », le débat sur l’application ou non de l’arrêté n°001274/MEEDD/MBCPFP/MPERH du 07 août 2013 a le mérite de mettre une fois de plus en lumière la cacophonie qui règne au sein de l’administration public. Il faut dire que les responsables de la Direction générale des hydrocarbures démontrent sans ambages une incapacité notoire à assurer leur mission, le tout en entretenant l’omerta, malgré les sollicitations de Gabon Media Time, pour un sujet aussi crucial que celui de la vie chère. Les plus hautes autorités en tête desquelles le président de la Transition, le Général Brice Oligui Nguema appréciera ! 

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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3 commentaires

  1. Pour mieux éclairer le public ou les lecteurs, c’est selon, n’aurait-il pas été mieux de publier les deux arrêtés?
    Les lecteurs se seraient fait leur propre opinion. Du moins, je pense.

  2. Je vis à pog depuis un bon temps, sur l’augmentation des prix des transports maritime, je trouve que , et c’est vraiment mon analyse que le peuple est depuis la crise COVID abusé par les responsables des compagnies de navigation en moins de quatre ans , nous sommes parti de 18 000 frs pour atteindre 42 000 frs voire plus avec les kilos en surévalués et tout ceci sous la bénédiction des autorités du pays qui sont propriétaires sinon actionnaires. J’aimerais poser ces questions sur les différentes augmentations : qu’est qui justifie l’augmentation entre 2007 et 2010 de 17000 frs à 22 000 frs? De 22000frs à 25 000 frs en 2018? Et l’augmentation qui intervient lorsque vous l’avez justifiée à cause des restrictions covid, êtes vous revenu au prix normal ? Aujourd’hui vous justifiez d’une énième augmentation en mettant sur la table une autre justification. Je constate que ceci arrive parce qu’il n’y a pas une véritable autorité qui contrôle et régularise le transport maritime puisque tous sont dans le partage du gâteau. J’ai parlé…

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