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Statut de l’artiste: parlons de photographie au Gabon

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Faisant suite au projet de loi concernant la reconnaissance du statut de l’artiste au Gabon, Eddie MBANI Passionné de photographie et Agent de photographes s’interroge sur la place accordée aux photographes dans cette loi.CI-après l’intégralité de la tribune:

Abidjan, le 06 Avril 2023

“ Sauvons la Photographie.” Franck A olaby

Alors que le projet de loi portant statut de l’artiste et des acteurs culturels en République Gabonaise a débuté la navette parlementaire par l’étape du Sénat, il est judicieux de se demander si la photographie est incluse dans ce projet de loi.

En effet, il ne vous aura pas échappé qu’au cours du premier événement d’envergure porté par le nouveau ministre de la Culture et des Arts qui a vu la présence du Président de la République – La nuit des talents, la photographie a brillé par son absence parmi les talents reconnus, bien que les photos de cet événement aient fait le tour de la toile et de plusieurs médias.

Si vous sillonnez la ville de Libreville, vous ne manquerez pas de vous faire tirer le portrait par ceux qu’on appelle communément les “shooters”. Ces photographes vivent au gré des portraits qu’ils réalisent à longueur de journée, qu’ils vendent pour une poignée de francs CFA afin d’inonder les réseaux sociaux de nombreux.ses gabonais(es).

Parmi ces shooters qui se sont formés sur le tas, se cache peut-être le prochain François Zima ou la prochaine Julie Mvie. Comment leur faire comprendre qu’avec quelques améliorations, ils peuvent vendre leurs portraits à un prix 10 fois, voire 100 fois plus élevé, lorsque le métier de photographe n’est pas enseigné dans nos écoles et que cette discipline artistique n’est pas mise en avant dans nos institutions culturelles ?

La formation, la structuration du métier et de la pratique ainsi que le soutien aux initiatives existantes sont des pistes de réflexion à explorer.

(1) La formation

Au Gabon, on peut suivre une formation pour travailler dans le BTP, pour devenir pâtissier ou encore pour être Artiste Peintre. Lorsqu’il s’agira de devenir photographe, aucune formation n’existe. Ni au sein de l’Ecole Nationale des Arts et Métiers (ENAM), ni même au sein des nombreuses écoles privées bien que certaines proposent des formations en Audiovisuel et Cinéma.

Aujourd’hui, plusieurs photographes se forment par eux-mêmes où en participant à des Masterclass lorsqu’ils ont les moyens ou lorsqu’elles sont subventionnées par des institutions internationales.

Afin de placer la photographie comme une réelle discipline artistique, il serait intéressant d’intégrer un parcours de photographie au sein de l’ENAM et encourager les autres établissements à faire de même.

Cette formation permettra aux photographes de se professionnaliser et d’identifier clairement dans quel genre photographique ils souhaitent se positionner en participant à di érents stages au cours de cette formation.

  • La structuration

Du fait de ce manque de formation, en dehors des photographes ayant été formés à l’étranger et ceux qui ont l’opportunité d’avoir des studios de photographie, il est di cile de faire la di érence entre les photographes amateurs et professionnels.

L’association 241mm qui regroupe un nombre important de photographes, présidée par François ZIMA et portée par la secrétaire générale Emmanuelle LATÉ tente de structurer ce milieu, mais c’est une tâche difficile.

De même que la Direction des Arts et du Spectacle, on pourrait envisager une Direction (ou un département) des Arts Visuels qui serait chargée de coordonner les actions du ministère et de mettre en place ou supporter les initiatives allant dans le sens de la photographie. Cette Direction pourrait par exemple travailler en coopération avec le bureau de cette association et d’autres pour recueillir les besoins des photographes et voir comment y répondre.

  • Les initiatives et les lieux dédiés à la photographie

Plusieurs masterclass et ateliers autour de la photographie sont organisés par des institutions internationales, des passionnés, des photographes ou de quelques mécènes. Il en est de même pour les expositions solo ou collectives (Picha & Colors, R., Bantu, Voyeurs), des concours photographiques (Amazing Gabon), des festivals tels que le Forum de l’image & de la Photographie ou le Black History Arts.

Ces initiatives bien que louables sont presque toujours concentrées dans la capitale Librevilloise. L’intervention du Ministère de la culture et des arts pourrait permettre à travers les directions provinciales d’étendre ces initiatives dans d’autres lieux.

L’autre raison qui explique cette concentration est aussi l’absence de lieu de monstration de travaux photographique; Libreville n’abrite que quelques endroits appropriés pour des expositions photo en intérieur : Le Musée National des Arts, Rites, Traditions du Gabon, La salle de fête du Complexe Hôtelier de la Sablière et quelques salles d’exposition à L’Institut Français du Gabon… Les artistes musiciens sont beaucoup plus garnis ici en termes de salles de spectacle.

Le Ministère pourrait envisager la création d’une Maison Gabonaise de la Photographie. Cet endroit pourra servir d’espace d’exposition, de formation mais également de lieu de recueil pour tous les artistes photographes, amateurs comme confirmés. Cet acte fort permettra de valablement positionner la photographie au Gabon comme un art à part entière.

De Blaise Paraiso à Owanto en passant par Desiré Minkoh ou encore Naomi Moukadi, la photographie est une discipline artistique qui n’a jamais cessé d’exister au Gabon. Il serait bien qu’elle soit enfin pleinement reconnue par nos autorités, cela passe par une intégration e ective dans le projet de loi portant statut de l’artiste et des acteurs culturels en République Gabonaise.

Eddie MBANI Passionné de photographie et Agent de photographes

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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