Réforme du Code du travail: les travailleurs gabonais dénoncent et menacent de paralyser l’économie
Réunies ce dimanche 20 juin 2021 au siège social de la Confédération syndicale Gabonaise (Cosyga), les organisations syndicales issues de divers secteurs d’activités sont montées au créneau quant à la révision du Code du travail sur la table des parlementaires. Par la voix d’Aude Laeticia Mapenda, les travailleurs qui ont dénoncé le caractère « esclavagiste » et « destructeur » dudit projet de loi en voie d’adoption, n’ont pas manqué de laisser planer le spectre d’une « paralysie générale ».
La réforme du code du travail en République gabonaise continue de diviser les acteurs de la population active. Si pour le patronat, ce projet est progressiste, les travailleurs quant à eux y voient une volonté manifeste du gouvernement de renforcer davantage les pouvoirs de l’employeur.
« La mouture adoptée par le Gouvernement puis transmise au Parlement n’est pas le fruit d’un consensus entre les partenaires sociaux comme annoncé mais plutôt l’expression de la volonté unilatérale du ministère du travail qui est même allé à l’encontre des points d’accord entre le groupe employeur et le groupe travailleur », a indiqué Aude Laeticia Mapenda, porte-parole des organisations professionnelles de travailleurs.
Par ailleurs, poursuivant la lecture de ce mémorandum de dénonciation qui sera déposé le lundi 21 juin prochain sur la table des parlementaires, la porte-parole des travailleurs gabonais a dénoncé les effets néfastes que revêt ce projet de loi. « Ce code est un véritable danger qui menace le présent et l’avenir de la majorité de la population active qui contribue à la création des richesses du pays, c’est-à-dire, les travailleurs du privé et du parapublic. Les élèves, les étudiants et les chômeurs seront aussi impactés », a-t-elle martelé devant la presse nationale et internationale.
Pour ces derniers, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un « dictat de position » aux conséquences fâcheuses pour la condition de l’employé en général mais aussi plus particulièrement un frein aux droits de la famille pourtant vantés par l’exécutif. « Diminution des droits de la femme allaitante dans une société qui prône la décennie de la femme. La non–protection des salaries pendant les grèves. La mise à mal du droit des syndicats. […] La fragilisation du contrat dit CDD dont la rupture peut être notifiée aux délégués du personnel et non plus exclusivement aux travailleurs concernés »,a-t-elle déploré.
Fort de ce qui précède, les travailleurs ont unanimement brandi la menace d’une paralysie générale de l’économie. « Si rien n’est fait, nous, organisations syndicales représentant les travailleurs […] nous réservons le droit, dans le cadre de la légitime défense, de faire usage de la grève générale pour la défense des droits et intérêts des travailleurs », ont-ils d’ores et déjà annoncé. Une perspective donnerait des sueurs froides à Rose Christiane Ossouka Raponda qui rencontre déjà toutes les peines du monde à relever l’économie apathique du Gabon en dépit des grandes annonces faites dans le cadre du Plan d’accélération de la transformation (PAT) institué par le Chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba.
Pour information, ce mémorandum a été rédigé et signé par plusieurs syndicats tous secteurs d’activités. Il s’agit entre autres de la Confédération Confédération syndicale Gabonaise (COSYGA), la Confédération gabonaise des syndicats libres (CGSL), l’Organisation nationale des employés du pétrole (ONEP), le Syndicat national des établissements de crédits (SYNEC), le Syndicat national des travailleurs de l’eau et de l’energie (SYNTEE+), le Syndicat des agents Comilog (SYNAC), le Syndicat national des travailleurs des industries extractives (SYNATIEX), le Syndicat libre des travailleurs de Comilog (SYLTRAC), le Syndicat des mines et industries du Gabon (SYMIGA), le Syndicat des mines et industries Comilog (SMIC), le Syndicat national des travailleurs de rougier Gabon (SYNTRARGA), le Syndicat national des agents de la CNSS (SYNA-CNNS) et le Syndicat national des Dockers (SYNADO). Une première dans la sphère syndicale de notre pays.