Référendum 2024 : «un scrutin révélateur des fractures politiques et sociales», selon Guilou Bitsutsu-Gielessen
Les résultats du référendum constitutionnel du 16 novembre continuent de susciter débats et interrogations. Avec une participation officielle avoisinant 25 % et un plébiscite du « Oui » à plus de 90 %, les chiffres officiels traduisent une réalité complexe qui va bien au-delà d’une simple victoire institutionnelle. Guillou Bitsutsu-Gielessen, président du Mouvement Priorités Citoyennes (MPC), interpelle sur les enseignements à tirer de ce scrutin, mettant en lumière des fractures sociales et politiques persistantes au sein de la nation.
« Doit-on se réjouir que sur quatre électeurs, un seul soit allé voter ? » s’interroge Guilou Bitsutsu-Gielessen. La faible mobilisation électorale illustre un désenchantement vis-à-vis d’un processus perçu comme déconnecté des préoccupations réelles des Gabonais. Ce sentiment est d’autant plus marqué chez les Gabonais de la diaspora, où le « Non » l’a emporté à près de 52 %, traduisant une contestation explicite des orientations actuelles.
Pour le leader du MPC, ce désintérêt témoigne d’un climat de défiance exacerbé par une campagne marquée par le retour de pratiques politiques jugées dépassées. « Les méthodes du PDG que l’on croyait derrière nous ont refait surface », déplore-t-il, dénonçant une résurgence des stratégies coercitives et clientélistes.
La fracture politique et sociale au cœur des enjeux
Au-delà des chiffres, ce scrutin révèle une fracture politique profonde, doublée d’un malaise social croissant. « Cette injustice, où le politique prime sur le bien-être des populations, alimente le découragement », explique Bitsutsu-Gielessen. Il pointe notamment l’absence de mesures concrètes pour répondre aux attentes pressantes des citoyens, comme la revalorisation du pouvoir d’achat ou le règlement des rappels de salaires des fonctionnaires.
Cette désillusion contraste avec la ferveur née au lendemain du coup d’État du 30 août, qui avait suscité des espoirs de rupture. « Le peuple, appelé aux urnes, n’a pas senti que sa souffrance était prise en compte », souligne le président du MPC.
Un appel à une gouvernance inclusive et équitable
Pour Guillou Bitsutsu-Gielessen, l’après-référendum doit être l’occasion de réexaminer les priorités nationales. Le message est clair : restaurer la confiance des Gabonais passe par une prise en compte réelle de leurs aspirations sociales et économiques, loin des seules logiques politiques.
Ce scrutin, au-delà des résultats officiels, est un miroir des défis qui attendent le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) pour refonder une gouvernance véritablement en phase avec les attentes populaires.