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Référendum 2024 : L’inopportunité d’une campagne Oui/Non sans réelle campagne explicative

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À moins d’une semaine du vote du référendum constitutionnel prévu le samedi 16 novembre 2024, des interrogations subsistent et ce, au lendemain du débat organisé entre deux camps de gabonais figés sur leurs positions de « Oui » et de « Non ». Au-delà du caractère besogneux de la séquence télévisée livrée au public, il reste que la balkanisation de l’opinion, semble aujourd’hui réduire une question complexe à une dichotomie simpliste. 

La révision de la Constitution gabonaise proposée par le gouvernement de la transition et le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) est une phase cruciale de l’histoire de notre jeune démocratie. Et ce, du fait que les aspects fondamentaux de l’organisation politique du pays devront être établis par cette loi fondamentale. Toutefois, la majorité des Gabonais n’ont pas eu l’occasion d’approfondir la portée réelle de ces changements. 

Quel Oui/Non sans compréhension ?

C’est la question au bout de toutes les lèvres des observateurs internationaux et même des citoyens avisés de la scène publique gabonaise. Et ce, d’autant plus que la campagne actuelle semble se résumer à un choix binaire : le « Oui » pour la réforme et le « Non » pour son rejet. Cependant, cette simplification du débat ne fait qu’alimenter l’ignorance collective et, dans le même temps, le sentiment de déconnexion des citoyens par rapport à une réforme qu’ils perçoivent comme décidée « d’en haut » sans réelle consultation populaire préalable. 

Or, c’est à ce niveau que le CTRI gagnerait à asseoir sa démarche dite républicaine. Car faut-il rappeler qu’on est à un moment où la crédibilité des institutions est en jeu? Il est donc devenu impératif d’offrir aux Gabonais une véritable opportunité de comprendre les enjeux du texte proposé. Si des signaux positifs avaient été annoncés, les faits ont eu raison du chronogramme du ministère de l’intérieur et de la sécurité. À ce jour, aucune campagne explicative claire et détaillée n’a vu le jour avec la même intensité que le Oui/Non.

Pourtant, il semble évident que cette initiative pédagogique aurait été la meilleure approche pour permettre aux Gabonais de comprendre véritablement le projet de réforme et de se faire un avis éclairé. Au lieu de cela, la communication semble se concentrer exclusivement sur un affrontement entre le « Oui »  et le « Non ». Et ce, sans effort réel pour expliquer les tenants et aboutissants de chaque modification proposée. Rappelons que l’enjeu ici n’est pas simplement de savoir s’il faut accepter ou rejeter le texte, mais bien de comprendre ce que cette réforme implique pour l’avenir institutionnel du Gabon. 

L’essence d’une nouvelle constitution 

Il faudrait d’emblée ôter des esprits grégaires qu’il s’agit d’un simple choix de posture. Mais bien plus une réflexion sur la manière dont les pouvoirs seront redéfinis et exercés à l’échelle nationale. À ce niveau de responsabilité, seule une campagne de proximité, avec des séances d’information dans les quartiers, dans les villages et dans les écoles, aurait permis de répondre à ces préoccupations. Les Gabonais auraient ainsi eu la possibilité d’interroger des experts, des acteurs politiques, mais aussi des citoyens impliqués dans le processus pour mieux saisir la nature des réformes proposées.

Malheureusement, une fois de plus, la démocratisation du processus constitutionnel s’est résumée à l’organisation d’un référendum avec comme issu le « Oui ». A-t-on retenu les leçons de 1993 ? Une telle consultation populaire implique une démarche de pédagogie impartiale. Le choix du Oui ou de Non étant perçu comme la résultante d’un relent en phase avec la proposition. Ainsi donc, l’électeur est un citoyen acteur et non spectateur. Les réformes constitutionnelles devraient être l’occasion de renforcer le dialogue avec la population, de discuter ouvertement des choix de société et de manière de gouverner, et non de réduire cette démarche à un arbitrage entre deux camps adverses.

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

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