Référendum 2024 : les avocats d’Hervé Patrick Opiangah dénoncent une convocation suspecte
Quelques heures après la convocation de leur client à la Direction des Affaires Criminelles (DAC), les avocats d’Hervé Patrick Opiangah (HPO) n’ont pas tardé à réagir. Me Gisèle Eyue Bekale et Me Jean Paul Moubembe ont dénoncé une démarche suspecte, qu’ils lient à la récente prise de position de leur client contre le référendum constitutionnel du 16 novembre dernier.
La convocation d’Hervé Patrick Opiangah intervient dans un contexte politique tendu. Président de l’Union pour la Démocratie et l’Intégration Sociale (UDIS) et homme d’affaires influent, HPO avait appelé ses partisans et plus généralement les populations Gabonaises à rejeter le projet constitutionnel soumis au référendum. Une prise de position qui, selon ses avocats, pourrait expliquer cette démarche judiciaire.
En effet, l’ancien ministre des Mines de la transition, a été convoqué ce mercredi 20 novembre 2024 à 12 heures au sein de l’État-Major des Polices d’Investigations Judiciaires. Le leader politique est sommé de répondre à des questions concernant une « affaire le concernant ». Si les motifs exacts n’ont pas été précisés, cette convocation suscite de vives réactions, notamment de la part de ses avocats.
Les avocats d’HPO dénoncent une procédure « inhabituelle »
Présents sur le front médiatique, Me Gisèle Eyue Bekale et Me Jean Paul Moubembe, conseils juridiques de HPO, ont fustigé cette procédure judiciaire qu’ils jugent suspecte et ce, sans de manière inopinée. « La nouvelle loi des avocats garantit notre droit d’assister notre client dans ce type de procédure », a rappelé Me Jean-Paul Moubembe, insistant sur leur présence lors de l’audition.
L’avocat expérimenté n’a pas manqué de souligner le caractère inopportun de cette convocation. Laquelle est intervenue quelques jours seulement après le discours de leur client contre le projet constitutionnel. « Si cette convocation concerne des affaires anciennes, pourquoi attendre sa position politique pour l’interpeller ? » s’est-il interrogé.
Un éventuel règlement de comptes politique ?
Depuis sa prise de position en faveur du « Non » au référendum pour le compte de son parti politique, Hervé Patrick Opiangah est au centre de l’actualité. À cela s’ajoute une autre affaire : en juillet dernier, HPO avait déposé une plainte pour « haute trahison » dans l’affaire WebCor ITP. Un dossier sensible puisque visant plusieurs hauts commis de l’État, dont Jean Paul Komanda, ancien président du Conseil d’État, et Diane Moussounda, directrice générale de l’Agence Judiciaire de l’État.
Pour ses avocats, cette accumulation de faits laisse planer un doute sur un éventuel règlement de comptes. « Hervé Patrick Opiangah est un citoyen, un acteur politique, et il a le droit d’exprimer son opinion. Il n’est pas le seul à avoir appelé au rejet de ce projet constitutionnel », a martelé Me Moubembe.
Une affaire à suivre de près
Alors que le climat politique demeure tendu après le référendum, cette convocation vient exacerber le débat sur la gestion des dissidences politiques au Gabon et ce, malgré l’ouverture de l’ère de la dignité et des vertus. Hervé Patrick Opiangah, figure incontournable de l’opposition et du milieu des affaires, reste pour l’instant silencieux, laissant ses avocats porter sa voix. D’ailleurs, ces derniers ont confirmé leur intention d’accompagner leur client à la DAC. « Nous allons savoir de quoi il est exactement question. Si cette convocation cache des motivations politiques, nous en tirerons les conséquences », a conclu Me Eyue Bekale.
L’opinion publique, déjà divisée sur les enjeux du référendum, suivra avec attention le déroulement de cette affaire. Dans un pays marqué par des tensions politiques récurrentes, l’issue de cette convocation pourrait avoir des répercussions majeures sur l’échiquier politique national.