Référendum 2024 : « Le ministère de l’Intérieur est juge et partie », selon Billie By Nzé
L’ancien Premier ministre et président de la plate-forme « Ensemble pour le Gabon », Alain-Claude Billie By Nzé, a dénoncé les résultats provisoires du référendum constitutionnel du samedi 16 novembre 2024. Lors d’une conférence de presse tenue ce lundi 18 novembre à Libreville, il a qualifié le processus électoral de « mascarade démocratique » et accusé le ministère de l’Intérieur que dirige Herman Immongault d’être à la fois « juge et partie » dans l’organisation et l’annonce des résultats.
Selon les chiffres officiels, le « Oui » l’emporte avec 91,80 % des suffrages exprimés pour un taux de participation de 53,54 %. Alain-Claude Billie By Nzé et ses alliés contestent ces données, les qualifiant de « tripatouillages grossiers » orchestrés par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI). « Les chiffres réels situeraient la participation autour de 30 %, avec une abstention massive de 70 % », a-t-il affirmé.
Pour l’enfant terrible du canton Ntang Louli, cette forte abstention traduit un rejet clair de la population vis-à-vis du projet de révision constitutionnelle et de la gestion de la transition actuelle menée par des militaires regroupés au sein du CTRI. « Cette majorité silencieuse s’est exprimée en boycottant les urnes », a-t-il déclaré, qualifiant cette attitude de « victoire éclatante pour les partisans du Non ».
Des irrégularités flagrantes relevée au cours du Référendum
Au-delà des chiffres contestés, Alain-Claude Billie By Nzé a dénoncé des irrégularités marquant le scrutin. Parmi celles-ci, il a évoqué des pressions exercées sur les militaires pour voter en faveur du Oui, des prolongations illégales de la campagne électorale le jour du vote, et des intrusions de partisans pro- « Oui » dans les bureaux de vote. « Ces pratiques, dans un État de droit, auraient entraîné l’annulation immédiate du scrutin », a-t-il fustigé.
La plate-forme « Ensemble pour le Gabon » exige l’exclusion du ministère de l’Intérieur de toute gestion des processus électoraux, qu’elle juge compromise par des conflits d’intérêts. « Ce ministère est au service exclusif de l’exécutif. Il est impossible qu’il organise des élections crédibles », a martelé le dernier Premier ministre d’Ali Bongo Ondimba sans manquer d’exprimer son scepticisme quant à la possibilité d’un recours devant la Cour constitutionnelle, qu’il considère comme « inféodée au pouvoir en place ». « Ce référendum illustre une fois de plus la nécessité de réformer en profondeur nos institutions pour garantir un véritable État de droit », a-t-il conclu.