Gabon : une centaine de compatriotes clochardisés par Addax et Sinopec
C’est au cours d’un point de presse tenu le mardi 31 Octobre 2023 que Me Ruphin Nkoulou Ondo a dénoncé les « agissements malveillants et frauduleux » du groupe Sinopec envers l’entreprise de mise à disposition du personnel EIM Manpower. Pointé du doigt pour des traitements discriminatoires, l’entreprise chinoise a décidé de mettre au chômage des dizaines de pères et mères de famille.
À l’heure où le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) s’active à inverser la courbe de chômage galopante, certaines multinationales s’évertuent à briller par les méthodes discriminatoires. C’est le cas des sociétés Sinogabon et Addax Petroleum Oil and Gas, filiales du groupe chinois Sinopec. Prises en flagrant délit de pratiques illégales, ces dernières ont entrepris de rompre abusivement le contrat les liant à EIM Manpower.
Sinopec-EIM, une collaboration imparfaite
L’affaire Sinopec-IEM renvoie à l’allégorie de Goliath face à David. Pourtant, la genèse de cette relation professionnelle avait été placée sous le sceau de la franchise. À ce propos, Maître Ruphin Nkoulou Ondo a précisé que « dans le cadre de ses activités de prestation de service dans le domaine du pétrole, EIM a signé un contrat de mise à disposition du personnel avec le groupe Sinopec le 28 septembre 2021 pour une durée de trois ans ».
Logiquement, « une cinquantaine d’employés a été mobilisée à cet effet et leur rémunération a été négociée entre la société EIM et le Groupe Sinopec sur la base d’une grille salariale annexée au contrat », a indiqué l’avocat à la Cour. Seulement, les entreprises Sinogabon et Addax Petroleum Oil and Gas se seraient discrètement arrogés le droit de mieux rémunérer le personnel directement recruté et de minimiser les salaires des agents mis à disposition par EIM. Et ce, au mépris de la réglementation en vigueur.
Sinopec coupable de pratiques discriminatoires à l’égard d’EIM
Alors que les ressources humaines mises à la disposition d’Addax Petroleum Oil and Gas croyaient être valorisées, grande fut leur surprise quand l’un des leurs a mis à nu la manigance ourdie par le directoire du groupe chinois. « En 2022, un employé de la société EIM a découvert en cours d’exécution du contrat l’illégalité des traitements au niveau salarial entre le personnel de la société EIM et celui du Groupe Sinopec », a souligné Me Ruphin Nkoulou Ondo.
Les bulletins de salaire soumis à notre constatation en font foi. Comment comprendre qu’à tâche égale, la rémunération est inégale ? Une atteinte flagrante au droit du travail et à la loi N°20/2007 du 15 janvier 2008. Laquelle prévoit en son article 13 que : « le salaire de base du travailleur sous contrat de mission est au moins égal à celui prévu pour sa catégorie dans la grille salariale interne de l’entreprise utilisatrice ».
De la nécessité de mettre un terme à l’arbitraire
À la lecture des faits relatés par Me Ruphin Nkoulou Ondo et corroborés par Gerold Ollomo Nkogho, délégué du personnel abusé, l’entreprise chinoise Sinopec semble déterminée à condamner des pères et mères de famille à la précarité. Puisque saisie de l’affaire, la Direction générale d’Addax et de Sinogabon encore moins celle de Sinopec, n’ont daigné donner une suite à la requête introduite par EIM Manpower.
Et ce, en dépit des multiples tentatives de Gabrielle Meviane de faire entendre raison à son cocontractant. À ce propos, son conseil révèle que « quelques mois après, la Sinopec a unilatéralement décidé de ne plus recevoir dans ses locaux la société EIM pour débattre de ce sujet ». Une décision unilatérale prise en violation du contrat liant les deux parties pour 30 mois. Soit jusqu’en 2024. La multinationale pékinoise surferait sur la fin de son activité au Gabon courant décembre 2023 pour s’en dédouaner.
Le CTRI appelé à faire respecter la dignité des Gabonais
Si elle se montre forte en maintenant le combat, Gabrielle Meviane, jeune entrepreneure gabonaise à la tête d’EIM Manpower s’en remet à l’élan patriotique du Général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema. « C’est le combat de David contre Goliath. Nous avons toujours été une passerelle pour l’emploi national. Aujourd’hui l’entreprise fait banqueroute à cause de l’inconsidération », a-t-elle lancé en guise de cri d’alarme.
Un son de cloche relayé par le délégué du personnel qui tire le diable par la queue au quotidien. Pour ce dernier, outre le manque à gagner pour l’État en termes d’impôts et de cotisation sociale, il y a sensiblement 200 familles qui ne savent plus à quel saint se vouer après des mois de brouillard. Pourtant, l’article 105 de la convention d’entreprise d’Addax Petroleum prescrit l’égalité entre agents et ce, sans discrimination. La réaction du CTRI est vivement attendue !