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Gabon : tabou sur l’inceste, un silence dévastateur

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En Afrique, le dicton populaire “le linge sale se lave en famille” est souvent évoqué pour justifier la discrétion autour des problèmes familiaux. Mais dans certains cas, ce silence contribue à détruire des vies. C’est notamment le cas lorsqu’il s’agit de viols, d’inceste et d’abus, des crimes qui tuent leurs victimes à petit feu, tout cela au nom de la préservation de l’image de la famille.

L’Affaire Bride remet au goût du jour le traitement des questions dites tabou dans les familles. Au Gabon les cas d’inceste semblent devenir monnaie courante. Ces actes, souvent commis sur des jeunes femmes, des petites filles, et même des garçons, sont généralement dissimulés sous un lourd silence. Le plus tragique, c’est que lorsque les victimes parviennent enfin à dénoncer ces atrocités auprès des autorités compétentes, il arrive qu’elles soient renvoyées à les régler en famille. Or, cette même famille, parfois complice ou passive, est souvent celle qui a perpétré le mal ou qui a gardé le silence pendant des années.

Briser le silence, protéger les victimes

Selon l’article 259 du Code pénal nouveau, « Constitue un inceste, l’acte sexuel commis entre ascendant et descendant d’une même lignée, entre frère et sœur, entre adoptant et adopté, entre oncle et nièce, entre tante et neveu et entre cousins germains au premier degré ». Cette législation prévoit une peine de 5 ans d’emprisonnement pour les auteurs d’inceste. Mais, dans la pratique, cette sanction est souvent ignorée, les victimes étant poussées à « ne pas salir l’honneur » de la famille. Doit-on alors protéger des criminels pour préserver une image sociale, au détriment des victimes ? Faut-il vraiment prendre le risque de laisser ces agresseurs devenir des récidivistes, voire des prédateurs, simplement pour éviter le scandale ?

Il est inquiétant de voir que l’unité familiale, si souvent prônée pour camoufler des scandales, n’est pas aussi mise en avant lorsqu’il s’agit d’accompagner un enfant vers la réussite. Dans un pays où la jeunesse est parfois taxée de « génération perdue », il semble que la cellule familiale ait oublié son rôle fondamental, celui d’être le gardien des valeurs, l’éducateur et le protecteur des enfants.

Le silence autour de l’inceste est un poison qui ravage des vies entières. Il est urgent que les autorités, les familles, et la société gabonaise dans son ensemble prennent conscience de l’ampleur de ce problème. Protéger les victimes et punir les coupables ne devrait pas être une option, mais une obligation morale et légale. Comme le rappelle un adage chrétien, “qui aime bien, châtie bien”. Il est donc temps que la justice et la société gabonaise fassent preuve de fermeté pour mettre fin à ce silence dévastateur.

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