Gabon: quand l’affaire Laccruche Alihanga dévoile la face hideuse de la justice
Si le 29 octobre dernier, l’ancien directeur de cabinet du président de la République a été condamné à cinq ans de prison ferme pour obtention de documents administratifs sur la base d’une fausse déclaration, cette condamnation ne manque pas de susciter des interrogations sur sa pertinence. En effet, pour de nombreux observateurs, celle-ci laisse entrevoir une sorte de deux poids deux mesures comparé à la peine infligée à certains hauts cadres de l’administration reconnus coupables de détournement de deniers publics.
C’est sans aucune surprise que le juge a suivi à la lettre les réquisitions du ministère public qui précédemment avait requis cinq ans de prison ferme et cinq millions de FCFA d’amende. Il était reproché à l’ancien collaborateur du chef de l’Etat d’avoir fait usage de moyens frauduleux pour l’établissement de documents administratifs notamment en mentant sur l’identité de son père en 2004, stratagème visant à lui conférer la « nationalité de sang ».
Sauf que cette condamnation n’a pas manqué de susciter de nombreuses interrogations dans l’opinion. En tenant compte des éléments de faux mis en avant par la justice, ceux-ci ne peuvent donner droit à une aussi lourde condamnation alors que les agissements de sieur Laccruche Alihanga ne lui ont procuré aucun avantage et il n’a bénéficié d’aucune situation particulière.
Pis, pour cette affaire, l’opinion se questionne sur le caractère lourd de la peine infligée à l’ancien ministre chargé du Suivi de la Stratégie des Investissements humains et des Objectifs de développement durable qui tranche avec la magnanimité accordée à d’autres anciens hauts cadres qui ont été condamné par la justice pour des faits pour le moins plus graves. C’est le cas par exemple de l’ancien ministre chargé des Travaux publics Magloire Ngambia qui malgré sa condamnation pour détournement de deniers publics est désormais en liberté.
Même cas de figure pour les autres personnalités jugées dans le cadre de la série des procès en lien avec l’opération Scorpion qui ont reconnu ouvertement avoir détourné des fonds publics mais qui curieusement ont été libérés et circulent librement. Autant d’exemples qui laissent songeur et qui remettent clairement au goût du jour la question de la partialité de la justice.