Gabon : près de 30 000 agents publics ne disposent pas de table de travail
C’est l’information pour le moins surprenante contenue dans le rapport lié au recensement biométrique des agents publics. Outre le fait que près de 40% d’entres eux affirment ne pas être satisfaits de leurs conditions de travail, pas moins de 36,4% des agents recensés soit globalement près de 30000 agents si l’on élimine les forces de défense et de sécurité, affirment également ne pas disposer d’une simple table de travail. Alors que le budget dégagé chaque année, intègre près de 400 milliards de FCFA d’achats de biens et services.
S’il fallait une preuve de plus de la dégradation de notre administration, le rapport sur le recensement biométrique des agents publics vient de nous la fournir. Réalisé par une équipe pluridisciplinaire avec pour ambition de mesurer l’évolution historique de la masse salariale à travers une approche méthodologique précise, mais également dans l’optique d’analyser le cadre de gestion et les conditions de travail des agents publics afin de les améliorer, ce rapport a permis de mettre le doigt sur des problèmes de base que rencontrent les agents.
Des conditions de travail déplorable pour les agents publics
En effet, outre le fait qu’ils ne disposent que de peu de commodités notamment sanitaires et hygiéniques étant donné que près de 28% des agents recensés n’ont ni accès à des toilettes, ni accès à de l’eau, près de 37% d’agents recensés affirment ne pas avoir de bureau pour travailler. Un élément qui peut d’ailleurs aisément se vérifier, puisque bon nombre d’usagers des services publics ont déjà pu le constater par eux-mêmes au sein de diverses administrations.
Etonnant pour un pays qui dégage chaque année plus de 1300 milliards de FCFA en budget de fonctionnement, cette situation témoigne du marasme et de la gabegie entretenue depuis des décennies par de hauts dignitaires qui peinent à comprendre l’importance du capital humain dans le processus de développement. Entretenant par ailleurs l’insatisfaction au travail et par ricochet la corruption qui demeure une véritable gangrène, ce “petit” manque a donc de lourdes conséquences aussi bien sur le plan social, économique que financier.
Quand on sait que le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) entend augmenter le nombre d’agents publics de façon substantielle, on peut aisément envisager que l’insatisfaction au sein des administrations devrait continuer de croître, et avec elle, les dérives que l’on connaît et symbolisée par une corruption à grande échelle.