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Gabon : Ossouka Raponda très active sur la scène internationale, reste aphone sur le front social

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« Mais, où est donc passé notre Premier ministre ? ». C’est la question que se posent de nombreux compatriotes sur l’absence très remarquée de Madame Rose Christiane Ossouka Raponda sur le front social. Le chef du gouvernement, qui rentre du Tchad après avoir pris part aux obsèques du Maréchal Idriss Deby Itno, accumule un nombre important de voyages hors du pays ces dernières semaines, si bien que certaines mauvaises langues n’hésitent pas à l’affubler de surnoms tel que celui de « globe-trotteuse » qui semble plus souvent revenir. Des voyages récurrents alors que le pays connaît actuellement une fronde sociale sans précédent dans plusieurs secteurs.  

C’est une conséquence logique de la fonction : représenter le Gabon sur la scène internationale lorsque les circonstances l’exigent et, en même temps, être attendue sur la résolution des problèmes quotidiens des Gabonais. Si sur le premier Rose Christiane Ossouka Raponda remplit pleinement ses missions, le commun des Gabonais s’offusque du silence qui prévaut sur les questions sociales qui relèvent elles aussi de son champ d’action. 

Nommée pour relancer l’économie en pleine crise de la Covid-19.             Perçue comme un symbole de rupture, la nomination Madame Ossouka Raponda à la tête de l’administration gabonaise a sonné comme un signe d’espoir pour de nombreux Gabonais, dans un pays administrativement et politiquement dominé par la gente masculine comme dans la majorité des Etats du continent. On se rappelle d’ailleurs que sa mission prioritaire devait consister à « assurer la relance économique et l’accompagnement social nécessaires en raison de la crise mondiale liée à la Covid-19 », selon le communiqué officiel de la présidence de la République. 

Pourtant, ce qui vaut au chef du gouvernement l’attention particulière de l’opinion publique en ce moment, c’est son intense activité diplomatique.

République centrafricaine, Niger, Côte d’Ivoire, Congo, Tchad… une activité diplomatique pavée de bonnes intentions.                                               Notre Premier ministre a sillonné l’Afrique afin de prendre part et représenter le Gabon à un certain nombre d’évènements (cérémonies d’investitures et obsèques). Cela marque la volonté du Gabon  d’entretenir des relations bilatérales de qualité et des liens de fraternité étroits avec ces pays. Pour certains, elle est en passe de battre un record, si ce n’est déjà fait : celui du nombre de déplacements de très haut niveau à l’étranger pour un chef de gouvernement gabonais. 

Si bien que nous entendons dans certains milieux la question suivante : « ne voyage-t-elle pas un peu trop ? ». En fait, faudrait-il rappeler que le chef du gouvernement représente à chaque fois le chef de l’Etat. Peut-être voudrait-elle en faire moins. N’en déplaise à ses contempteurs, Madame Ossouka Raponda est très active sur la scène internationale. Ce qui ne semble pas être totalement du goût de nombreux compatriotes victimes des effets de la crise que connaît notre pays. Après environ 300 jours à la tête du Gouvernement et de l’administration, l’état de grâce semble définitivement terminé pour Madame Ossouka Raponda. 

Grèves des écogardes de ANPN, des élèves et enseignants chercheurs de l’UOB, de l’USTM, des agents des régies financières, du personnel du Ré-Ndama…les mouvements sociaux se multiplient et s’éternisent. En grève depuis un moment, les écogardes de l’Agence nationale pour la protection de la nature (ANPN) ont décidé, le 19 avril, de durcir leur mouvement d’humeur en installant des tentes de couchage afin d’occuper le siège de l’Agence. Rappelant qu’ils réclament notamment de meilleures conditions de travail, une meilleure assurance-maladie, l’apurement de trois milliards de francs CFA d’arriérés des salaires.

A l’Université Omar Bongo Ondimba, c’est toujours l’incertitude sur la reprise des cours et dans quelles conditions. L’année blanche est la chose la plus réaliste à envisager selon le syndicat national des enseignants chercheurs (SNEC-UOB) dont le président Mathurin Ovono Ebe appelle le gouvernement a décrété une « année blanche validée plutôt qu’une année validée blanche » pour sauver l’université de ses dysfonctionnements calendaires.  

Au Méridien Ré-Ndama, les salariés ont décidé d’investir les locaux de cet hôtel afin de manifester leur désarroi. N’ayons pas peur de dire les choses : il s’agit de plus de 100 employés et leurs familles qui vivent un véritable calvaire, après la réquisition par le gouvernement de leur lieu de travail, pour cause de lutte contre la Covid-19 et l’annonce par la direction générale de l’incapacité de la structure à assurer le paiement des salaires.

Dans les régies financières, les interminables grèves à répétition font peser un risque sur les finances du pays, déjà exsangues, et sur le paiement régulier des salaires des fonctionnaires. Désormais annexés à la performance, le gouvernement n’a pas payé la prime spécifique aux agents des régies financières du mois de février 2021 en réponse, ces derniers ont entamé un mouvement d’humeur qui paralyse leurs services. Une fronde que devraient s’employer à résoudre le premier des fonctionnaires qu’est Rose Christiane Ossouka Raponda. 

Le front social gabonais déborde Il faut dire que malgré les multiples interpellations de nos compatriotes pourtant sans cesse relayées par voie de presse, le gouvernement semble rester insensible aux différents appels à l’aide lancés par ces employés, des Gabonaises et des Gabonais totalement désemparés.

Où est le chef du gouvernement ? « Partout et nulle part », disent de nombreux Gabonaises et Gabonais. En effet, à ce jour, la touche Ossouka Raponda n’a toujours pas fait effet. Le front social ne connaît aucune avancée majeure depuis son arrivée à la primature malgré les discours sur la mise en œuvre d’un dialogue social au sein de l’administration. Pour nos compatriotes, on fait plutôt dans la continuité, le surplace. Rien ne semble bouger.

Voilà donc un nouveau et inattendu motif de désamour entre les Gabonaises, les Gabonais et leur chef de gouvernement. Ils trouvent qu’avec ses déplacements, elle s’éloigne du Gabon et des réformes qu’elle doit y conduire. 

Contrairement à certains compatriotes désespérés, nous n’irons pas jusqu’à dire qu’elle se désintéresse des dossiers locaux ou alors qu’elle attend toujours le quitus présidentiel pour agir. 

Toujours est-il que les Gabonaises et les Gabonais attendent de Madame Ossouka Raponda qu’elle se concentre sur la politique intérieure afin de résoudre les nombreux conflits sociaux qui sont pendants, et ainsi enrayer les effets de la crise dans leur quotidien. 

Gregue Nguele, Editorialiste

Gabon Media Time

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