Gabon : l’ordre des avocats pour un encadrement plus strict de la profession

Le 14 mai 2025, le président de l’Assemblée nationale de transition, Jean François Ndongou, s’est entretenu avec une délégation du barreau de Libreville, conduite par le bâtonnier Maître Raymond Obame Sima. Au cœur des échanges, l’examen d’une proposition de loi visant une refonte en profondeur de la profession d’avocat au Gabon. Cette rencontre a permis aux deux parties d’identifier ensemble les dysfonctionnements existants et de réfléchir aux réformes nécessaires pour garantir une justice plus crédible et mieux structurée.
Dès le début de la rencontre, le président Jean François Ndongou a exposé plusieurs préoccupations. Il a notamment mis en lumière les dérives observées dans le processus de recrutement des juristes, soulignant que certains conseillers juridiques ne sont pas issus des filières juridiques, mais de cursus administratifs, tels que l’Ecole nationale d’administration. Il a également dénoncé la durée parfois indéfinie des stages professionnels, ainsi que les écarts de rémunération notables entre huissiers de justice et avocats. Ces déséquilibres, selon lui, fragilisent la cohérence et la rigueur de l’environnement judiciaire. Il a en outre plaidé pour une réforme structurelle du barreau, afin d’assurer un fonctionnement plus professionnel, plus équitable et mieux contrôlé.
Vers une réforme profonde de l’avocature gabonaise
Prenant la parole, Maître Raymond Obame Sima a salué la démarche institutionnelle engagée par le président de l’Assemblée nationale. Il a rappelé que la profession d’avocat est actuellement encadrée par la loi n°013/2014 du 7 janvier 2015, qui a certes permis de moderniser la pratique, mais qui mérite désormais d’être actualisée. Huit ans après son adoption, les réalités du terrain et les évolutions sociales imposent une révision de ce texte, a-t-il noté. Le bâtonnier a ainsi remercié Jean François Ndongou pour son écoute et sa volonté de porter un regard critique sur l’état actuel de l’avocature, dans un esprit d’amélioration et de sauvegarde de l’éthique professionnelle.
En guise de propositions concrètes, le bâtonnier Obame Sima a formulé plusieurs recommandations phares. Il a notamment suggéré la création d’une École nationale d’avocats, avec un accès strictement conditionné par concours. Il a également proposé de redéfinir les critères d’entrée dans la profession, d’imposer des enquêtes de moralité systématiques par la Direction générale des Recherches (DGR), de fixer un âge limite d’accès à 31 ans, et d’instaurer un âge plafond pour l’exercice. Ces mesures visent à garantir le sérieux, la compétence et l’intégrité des futurs membres du barreau, selon lui. Pour lui, il en va de la crédibilité de la profession et de la qualité du service rendu aux justiciables, a-t-il martelé.
GMT TV