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Gabon : les attentes du public à l’égard de la transition renforcent les pressions sur les dépenses sociales

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En présentant les évolutions de la note de crédit du Gabon le 14 juin dernier, l’agence de notation américaine Moody’s mettait en exergue la volonté des autorités de la Transition à œuvrer en faveur des populations d’une part et le fait que « le gouvernement de transition cherchait à répondre aux demandes refoulées en matière sociale et d’investissement et aux attentes populaires ». Ce deuxième aspect a été repris par la Banque mondiale, qui estime dans son baromètre économique de la CEMAC, que les attentes du public à l’égard de la transition renforcent les pressions sur les dépenses sociales. 

Effectuées à bon escient, les dépenses sociales peuvent avoir plusieurs impacts sur une économie. Les différents programmes de sécurité sociale, les subventions pour l’éducation ou la santé, peuvent permettre d’augmenter le pouvoir d’achat des ménages et par ricochet, stimuler la consommation intérieure et donc soutenir la croissance économique. Dans le cas du Gabon par contre, elles se révèlent la plupart du temps mal ciblées. Toujours orientées en direction des plus nantis à l’image des subventions aux carburants, elles ont pour effet de renforcer les pressions sur les dépenses budgétaires.

Partant de ce constat, dans son baromètre économique dédié à la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) publié en mai dernier, la Banque mondiale a implicitement tiré la sonnette d’alarme concernant de potentielles pressions sur les dépenses publiques. Pour l’institution qui vient par ailleurs de réaffirmer son soutien à l’endroit des autorités de la transition, « l’augmentation des mesures d’aide sociale devrait exacerber les pressions sur les dépenses publiques, ce qui se traduirait par des déficits budgétaires sur la période 2024-2026 ».

Une analyse qui cadre parfaitement avec celle des analystes de Moody’s

En plus d’être aligné sur l’analyse de Moody’s qui, dans sa révision de la note de crédit du pays le 14 juin dernier soulignait le fait que « le Gouvernement de transition cherchait à répondre aux demandes refoulées en matière sociale et d’investissement et aux attentes populaires » avec des dépenses extra budgétaires incontrôlées à l’image des 7 milliards de FCFA par provinces décaissés jusque-là. Ce passage au crible de la BM est d’autant plus intéressant, que cette volonté des autorités de répondre aux attentes du public sans tenir compte de la baisse de la production et des cours du pétrole qui devraient affecter les recettes budgétaires. 

Si l’on y ajoute la hausse de la masse salariale sous fond de populisme qui était loin d’être nécessaire pour ne pas dire inutile au regard de la faible qualité des services fournis par notre administration, le développement de grands projets d’infrastructures dont le montant prévu est de l’ordre de 3696 milliards de FCFA sur la période 2024-2026, cette stratégie des autorités qui consiste à distribuer de manière incontrôlé les deniers publics pourrait s’avérer désastreuse. D’autant plus que le niveau d’endettement demeure inquiétant.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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