Gabon : le gouvernement sollicite une exemption de la Cobac pour financer le budget 2025
Le Gabon se trouve dans une situation financière complexe alors qu’il cherche à lever des fonds pour financer son colossal budget 2025, fixé à 4 204,9 milliards FCFA. Endetté à hauteur de 7 072 milliards de FCFA à fin septembre, selon les données de la direction générale de la Dette (DGD), le pays, à travers son gouvernement, cherche des solutions à court terme. Face à ses difficultés croissantes à mobiliser sur le marché financier régional, le gouvernement gabonais a donc décidé de solliciter une exemption temporaire des règles de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac), qui ont durci les conditions d’emprunt pour les Etats de la CEMAC.
Dans une lettre datée du 13 novembre 2024, adressée à la présidente de la Cobac, le gouvernement a demandé une « dérogation à la pondération des risques appliquée à ses titres publics » comme le rapportent nos confrères de l’Agence Ecofin. Ce taux de pondération, porté à 100% depuis la révision des règles en octobre dernier, a rendu les emprunts gabonais beaucoup plus risqués aux yeux des investisseurs. L’exemption sollicitée par le gouvernement gabonais concerne la période allant de novembre 2024 à décembre 2025. L’objectif de cette demande est de faciliter la levée de fonds sur le marché domestique, essentiel pour boucler le budget du pays, particulièrement dans un contexte où l’accès aux financements devient de plus en plus restreint.
« La faible mobilisation des ressources de financement engendre un risque important dans la bonne exécution des opérations budgétaires du dernier trimestre de l’année en cours. Elle aura également un impact négatif sur le budget de l’année 2025, en raison de la contribution attendue des emprunts à lever sur notre marché financier », a précisé le gouvernement gabonais dans sa lettre, signée par Murielle Minkoue Mintsa, ministre de la Réforme des institutions. Cette demande d’exemption survient au moment où le pays vient d’annoncer le rachat anticipé d’une partie de son eurobond 2025.
Ce remboursement anticipé visait à alléger la pression sur les finances publiques, mais il n’a pas suffi à résoudre les défis liés à l’endettement croissant du pays. Le taux d’endettement du Gabon, qui s’élevait à 70,5% du PIB en 2023, devrait grimper à 73,1% en 2024, et pourrait atteindre 78,9% en 2025 si la tendance se poursuit. « En sollicitant l’exemption temporaire de la pondération sur ses titres publics, le gouvernement gabonais s’engage à ramener sa dette dans les limites des critères de convergence de la CEMAC, dans l’espoir de les respecter dans un avenir proche », a indiqué la ministre.
Les nouvelles règles mises en place par la Cobac en octobre dernier sont une réponse aux dérives financières observées dans plusieurs pays de la zone. Les critères de convergence de la CEMAC, qui imposent un taux d’endettement maximal de 70% du PIB, ont été largement ignorés, poussant la Cobac à durcir les conditions d’emprunt. « Les pays membres ne respectant pas ces critères doivent faire face à des taux de pondération élevés, ce qui complique la gestion de leur dette », explique d’ailleurs un expert régional cité par nos confrères.
Alors que le Gabon se bat pour naviguer dans cette tempête financière, sa demande d’exemption pourrait offrir un répit bienvenu pour les finances publiques du pays, à condition que la Cobac accède à sa requête. Encore faudrait-il qu’elle soit acceptée et dans des conditions moins contraignantes. Cette situation résume clairement la stratégie actuelle du gouvernement qui privilégie l’expansionnisme au rationalisme comme en témoigne le récent référendum au coût de 28 milliards de FCFA.