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Gabon: le CHU d’Owendo aurait-il laissé mourir Dandy Ndjila faute de caution ?

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Poignardé par sa concubine au cours d’une de leurs innombrables rixes au Camp Gros-bouquet, l’adjudant Dandy Vincent Ndjila a finalement rendu l’âme tard le jeudi 19 mai dernier. Seulement, des sources concordantes ont révélé à notre confrère l’Agence gabonaise de presse (AGP) que le défunt aurait pu être sauvé si le Centre hospitalier universitaire d’Owendo (CHUO) n’avait pas violé la loi en refusant de le prendre en charge sans paiement d’une caution, en dépit de l’urgence.

« Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément », énonce une partie du serment d’Hippocrate dans sa version revue par l’Ordre des médecins en 2012. Un engagement que le personnel de santé du Centre hospitalier universitaire d’Owendo (CHUO) semble avoir omis face à l’urgence qu’était l’adjudant de gendarmerie Dandy Vincent Ndjila, au soir du jeudi 19 mai dernier.

C’est peu de le dire. Arrivé ensanglanté, bien que soutenu par ses pairs, le limier aurait pu être sauvé si la probité et la dévotion professionnelle avait primé sur l’avidité manifeste des agents de ce Centre public vanté pour son plateau technique opérationnel. C’est en tout cas la conviction de celles et ceux qui l’ont conduit auprès de la structure hospitalière durant cette nuit qui restera gravée dans les mémoires. D’après le récit rapporté par l’Agence gabonaise de presse, le jeune Ndjila avait été abandonné à son triste sort.

Et ce, d’autant plus qu’il était hors de question pour les agents de santé du Centre hospitalier universitaire d’Owendo de prendre en charge ce fonctionnaire sans qu’il ne verse la caution pour une prise en charge. Il se susurre que les gendarmes auraient tenté de se cotiser face au « non catégorique » de la structure. Pendant ce temps, l’adjudant Dandy Vincent Ndjila se vidait de son sang. Le pronostic vital était alors engagé. Malgré cet état de fait, les  proches dénoncent une absence totale de compassion.

Il n’en fallait pas plus pour que le jeune limier passe de vie à trépas car « la vie d’un patient en urgence a un coût au CHUO », a déploré un de ses collègues joint par téléphone par nos soins. D’ailleurs, la même source révèle que « les échauffourées entre nos collègues et le personnel de l’hôpital ont abouti à la délivrance d’une ordonnance ». Sapristi ! C’est dire le peu d’intérêt porté à sa vie humaine arraché par la cruauté et l’avidité. Notons que le CHUO n’est pas la seule structure à avoir exigé une caution avant d’intervenir.

Une clinique dans le quartier Louis aurait posé la même condition. Même son de cloche à la Polyclinique El Rapha, non loin du lieu de l’incident. Une situation ubuesque et d’une gravité incommensurable. Car faut-il rappeler que sauvegarder la vie humaine de par l’obligation d’assistance à personne en péril signifiée dans le Code de déontologie médical et reprise à l’article 11 du décret n°024/PR/MS du 11 juin 2014 réglementant la prise en charge par l’État en cas d’urgence dans les structures sanitaires est opposable à toutes les structures hospitalières publiques ?.

D’ailleurs, ledit article dispose que « sous peine de sanctions disciplinaires et pénales prévues par les textes en vigueur, il est interdit aux structures sanitaires d’accueil d’exiger une caution financière ou matérielle aux patients en situation d’urgence ». L’adjudant Dandy Vincent Ndjila étant bien en situation d’urgence, le personnel du CHUO devrait tout logiquement être sanctionné de manière exemplaire tel que prévu par l’article 248 du Code pénal qui prévoit 5 ans d’emprisonnement et 1 million FCFA contre quiconque pouvant empêcher par son action immédiate, la mort d’autrui. La justice gabonaise est attendue !

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

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