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Gabon : l’assaut stratégique de l’Empire du milieu sur l’économie gabonaise

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Au terme d’une déclaration conjointe le 19 avril 2023, le président déchu Ali Bongo Ondimba et son homologue Xi Jinping, annonçaient vouloir « renforcer leur coopération au niveau bilatéral ». Si depuis, la donne politique a changé au Gabon avec l’arrivée de nouvelles autorités suite au coup d’Etat militaire du 30 août 2023, l’ambition, elle, n’a pas changé. Loin s’en faut. Coopération militaire avec possiblement l’installation d’une base aux abords de la cité pétrolière, coopération économique avec l’arrivée prochaine d’investisseurs chinois dans les secteurs miniers et pétroliers, la relation Gabon-Chine ne semble jamais s’être aussi bien portée. Une vision commune qui pourrait rebattre les cartes des partenariats stratégiques du pays.

Premier client du Gabon en ce qui concerne le commerce de grumes avec près de 35% des exportations comme le renseigne le tableau de bord de l’économie 2023. Premier client du pétrole gabonais avec plus de 21 millions de barils comme indiqué dans le rapport ITIE. Premier client du pays tout simplement avec une part de marché de l’ordre de 39,3% au terme du premier trimestre 2024 selon les données de la direction générale de l’économie et de la politique fiscale (Dgepf) contenues dans note de conjoncture sectorielle, l’Empire du milieu est un partenaire économique qui pèse grandement sur la balance commerciale. L’atonie annoncée de son économie pour cette année 2024, a d’ailleurs grandement pesé sur nos perspectives de croissance.

Partant de ce constat, les nouvelles autorités gabonaises dans la lignée des précédentes, ont entrepris de renforcer cette coopération stratégique. Participation au forum Sino-Africain en septembre prochain où l’on annonce déjà un tête à tête Xi Jinping-Oligui Nguema. Jumelage du parc national de la Lopé au parc national Wuyishan, implantation hautement probable d’une base navale chinoise au Gabon et plus récemment, renforcement d’investissements chinois dans le secteur minier. L’axe Pékin-Libreville est au cœur de la stratégie des autorités de la transition. Il faut dire que renforcer la coopération économique avec la Chine pourrait offrir au Gabon des opportunités pour des investissements massifs en infrastructures.

La diversification de l’économie en ligne de mire

En quête de développement infrastructurel comme le confirme le PNDT qui fait la part belle à la construction de routes, ponts, aéroports et autres universités, le Gabon verrait d’un bon œil, une plus grande implication de l’Empire du milieu dans son développement. En plus d’un accès accru aux marchés chinois, et un soutien pour la diversification économique, un renforcement de ce partenariat sur le plan économique pourrait grandement aider à moderniser les secteurs clés comme l’énergie et les transports. Accusant un retard considérable par rapport aux autres pays africains en quête de développement, le dernier jardin d’eden pourrait ainsi profiter d’investissements chinois dans des projets d’infrastructure essentiels, tels que les routes, les ponts, les chemins de fer et les ports qui amélioreront ainsi la connectivité et faciliteront le commerce et la mobilité.

Pragmatiques. Structurés et dotés de technologies capables de faire passer au Gabon, un cap stratégique, les investissements chinois apporteraient des technologies et des pratiques de gestion avancées, qui aideront les entreprises locales à améliorer leurs compétences et leur efficacité. Contrairement aux partenaires historiques du pays concentrés sur une économie de rente, l’Empire du milieu pourrait œuvrer à favoriser un développement d’ensemble. Étant entendu que leur expertise en Afrique n’est plus à démontrer, que leurs produits gagnent de plus en plus l’estime des consommateurs gabonais comme en témoigne la présence remarquée des véhicules chinois sur le marché local, un renforcement de ce partenariat n’aurait quasiment que des bénéfices. Reste désormais à savoir si les nouvelles autorités pourront se départir de l’ancienne puissance coloniale bien enracinée.

Casimir Mapiya

« Mieux vaut une vérité qui fait mal, qu'un mensonge qui réjouit. » Proverbes berbères

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