Gabon: la masse salariale, un goulot d’étranglement à 700 milliards de FCFA par an
732,8 milliards de FCFA en 2017, 701 milliards de FCFA en 2018 et pas moins de 689 milliards de FCFA en 2019. Tels sont les montants décaissés par l’exécutif pour la seule masse salariale de l’Etat entre 2017 et 2019 comme le suggère les données de la direction générale de l’Economie. Mettant en lumière une crise de gouvernance à laquelle se sont successivement greffées crises pétrolières, sanitaires et économiques, ces plus de 2100 milliards de FCFA auxquels s’ajoutent encore 700 milliards de FCFA en 2020, jettent l’opprobre sur une gestion pour le moins calamiteuse des finances publiques.
Premier pourvoyeur d’emplois avec 56% du nombre total d’actifs dans un pays qui a vu plus de 100 000 salariés du secteur privé perdre leur emploi, l’État gabonais semble aujourd’hui dans l’incapacité de réguler une fonction publique aux allures de goulot d’étranglement. Naviguant entre corruption « endémique », absence notable de professionnalisme, incompétence et management approximatif comme le souligne l’index Mo Ibrahim 2020, cette fonction publique continue pourtant d’engloutir pas moins de 700 milliards de FCFA par an.
En effet, bien que classé 50ème sur 54 pays africains par la Fondation Mo Ibrahim dans son index 2020 stigmatisant ainsi son inefficacité, l’administration publique gabonaise continue de bénéficier des largesses de l’exécutif aussi bien en termes de revenus bruts que de primes. Or, au regard du contexte économique actuel marqué par une pandémie de covid-19 qui exacerbe les inégalités, cette tendance devrait logiquement s’inverser pour laisser place aux investissements publics.
Représentant la bagatelle de 3660,1 milliards de FCFA entre 2015 et 2020 soit près de 60% du stock d’une dette publique gabonaise évaluée à près de 6300 milliards de FCFA à fin décembre, cette masse salariale qui représente par ailleurs, près de 40% du montant total des dépenses du budget de l’Etat sur l’exercice écoulé, constitue donc bien plus une variable négative d’ajustement qu’un véritable apport à notre économie.
De plus, troisième en termes de dépenses salariales publiques dans la zone franc juste derrière la Côte d’Ivoire (1347 milliards de FCFA) et le Cameroun (1 200 milliards FCFA), deux pays qui comptent pourtant à eux deux, 25 fois plus d’habitants, le Gabon poursuit son train de dépenses faramineuses. A l’heure où le FMI, pour faciliter l’accès aux crédits, appelle à une « hiérarchisation » des dépenses en fonction des priorités, cette extravagante masse salariale gabonaise apparaît rédhibitoire.