Gabon: la magistrate Antonella Ndembet a-t-elle échoué à la tête de la Justice?
Nommée le 17 juillet 2020 dans un gouvernement de 32 membres en vue d’insuffler un nouvel élan au ministère de la Justice en pleine décrépitude, Erlyne Antonella Ndembet Damas semble finalement faire office de « pion » comme l’a signifié ses pairs magistrats. Et pour cause, en dépit de son appartenance à la maison, la juge d’instruction peine à imposer sa marque et à résorber certains problèmes que seuls les initiateurs seraient à même de solutionner.
« Antonella hérite d’une patate chaude » titrait un de nos confrères décrivant le cadeau empoisonné que la magistrate expérimentée recevait de la part de Rose Christiane Ossouka Raponda alors promue Premier ministre. Une description qui prend tout son sens à l’heure où le membre du gouvernement s’approche des 2 ans à la tête du ministère de la Justice. Si les espoirs des magistrats renaisssaient avec cette nomination, les mois qui ont suivi les ont fait désenchanter. D’ailleurs, les premières velléités de grève pour revendiquer de meilleures conditions de travail avaient abouti à un dialogue de sourds.
Occasion pour Germain Nguema Ella, Président du Syndicat national des magistrats du Gabon (Synamag) de monter au créneau pour dénoncer l’accaparement du judiciaire par le pouvoir exécutif. Une sortie médiatique, à peine voilée, qui démontre l’incapacité du nouveau ministre à être une courroie de transmission auprès des plus hautes autorités pour ce qui est de leur cahier de charges. Même son de cloche chez les greffiers dont une majorité exerce sans carte professionnelle. Aussi, des disparités ont été mises en relief par l’Inspecteur Général de la Justice lors du dernier Conseil supérieur de la magistrature (CSM).
Fruit de la récente mission d’inspection, cette présentation a permis à Ali Bongo Ondimba et Erlyne Antonella Ndembet épouse Damas, de comprendre les carences latentes qui pourraient entraîner la relative inefficace de la justice gabonaise. À titre illustratif, ce dernier a pointé l’insuffisance des magistrats et des greffiers notamment dans les juridictions du 1er degré de cet ordre. Pour ce dernier, ces carences « ne permettent pas un fonctionnement optimal des différentes juridictions », avait-il déploré.