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Gabon : la justice n’a pas pris le train de la transition !

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Alors que le rêve semblait permis pour les Gabonais et Gabonaises assoiffés de justice après plus de 55 ans de mutisme forcé, les procès à la pelle contre des individus présentés innocents par le Chef du CTRI inquiètent. C’est notamment le cas dans les affaires liées à Brice Laccruche-Alihanga qui serait malmené à tout va par les juges sans cause et ce, au mépris des règles de droit et des procédures en vigueur. Une parodie, dénoncent-ils. 

« Ce procès est une parodie de justice » dénonçait à gorge déployée le collectif des avocats de Brice Laccruche-Alihanga. Si le corps des magistrats s’est sournoisement dit « heurté » par les propos et la sortie de la salle de ces conseils rompus à la tâche, avec un peu de recul, ce geste de protestation prend tout son sens. Et c’est peu de le dire. Étant donné que ces derniers se disent outrés de voir la salle d’audience transformée « en cirque ». Exposé mensonger sur la présumée prison faite par BLA, le débat contradictoire relégué aux calendes grecques, la justice est pour l’instant en voie de Noureddination.

Le train de la justice trop rapide pour des juges ?

C’est le triste constat à la lisière de la tendance durant la session criminelle en cours. Comme dans un théâtre, les procès semblent scénarisés. Aussi, les verdicts font davantage rire que réfléchir. Le plus flagrant demeure la scène surréaliste déroulée lors de la comparution, le lundi 3 juin dernier, du « présumé coupable » aux dires de l’avocate de l’État. On parle bien de l’ancien Directeur de cabinet d’Ali Bongo Ondimba. Cloué tel Jésus-Christ avant d’avoir eu le temps de se défendre, Brice Laccruche-Alihanga permet de se rendre compte du caractère « inéquitable » de la justice gabonaise. 

De 2 à 4 jours, c’est le temps qu’il aura fallu à la Cour criminelle spécialisée pour condamner l’innocent pour ce qui est de détournements de fonds publics à la Sogara. Pendant ce temps, Noël Mboumba s’en sort tout sourire dans le trou de l’aiguille justicière. Qu’est-ce à dire ? Le train de la transition censée impulser un souffle nouveau et redonner à la justice ses lettres de noblesse a-t-il déjà déraillé ? L’implication d’une juge d’instruction pour disculper Ali Bongo et Cie permet-il d’asseoir le postulat selon lequel Me Francis Nkea Ndzigue avait eu raison trop tôt en affirmant que « les magistrats sont corrompus » ? Un parjure passé sous silence sauf quand il s’agit de conforter les accusations contre les BLA et consorts. Étrange !

Au nom de qui est rendue la justice gabonaise ?

Une question d’actualité si on se fie aux déclarations poignantes de l’actuel président de la transition sur la question des opérations menées dès 2019 par le clan Young Team et Sylvia Bongo Ondimba contre ceux qu’on a fini par appeler dans l’opinion « BLA Boys ». Le collectif des avocats de l’intéressé a d’ailleurs tenu à rappeler que « le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui lui-même, qui était au cœur des enquêtes de l’époque, a publiquement affirmé que les poursuites engagées contre notre client relevaient du règlement de comptes et que ce dernier était innocent ». N’est-ce pas suffisant pour classer ce qui est désormais appelé « parodie de justice » ? 

Puisque ces procès tiennent sur des dossiers incomplets et des accusations sans preuve. Et ce, en droite ligne avec des ordres de « Nono » qui auraient assumé la paternité de l’opération scorpion selon les déclarations des accusés corroborées par leurs conseils. Ce dernier, aujourd’hui aux arrêts pour des faits similaires et plus graves. Plus étrange, la justice gabonaise, pourtant informée des malversations financières de la régente, n’avait jamais daigné ouvrir une enquête. A-t-on pour vaine ambition d’enterrer le trop gênant BLA au point de faire perdre sa crédibilité à la justice, à telle enseigne que des avocats désertent les salles d’audience pour dénoncer de « graves atteintes aux droits de la défense ». Sapristi !

Lyonnel Mbeng Essone

Rédacteur en chef adjoint, je suis diplômé en droit privé. J'ai longtemps fourbi mes armes dans les cabinets juridiques avant de me lancer dans le web journalisme. Bien que polyvalent, je me suis spécialisé sur les questions sociétés, justice, faits-divers et bien sûr actualités sportives.

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