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Gabon : la gestion de la masse salariale, une question essentielle reléguée au second plan

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Au Gabon, la gestion de la masse salariale représente un défi crucial, souvent éclipsé par d’autres préoccupations économiques et sociales. Au cours des dix dernières années, la masse salariale du pays a augmenté de manière significative, atteignant plus de 771 milliards de FCFA en 2024, soit plus de 25% du produit intérieur brut (PIB). Cette hausse est en partie due à l’augmentation des effectifs dans la fonction publique, qui a grimpé de 15% depuis 2013. En cause, les recrutements directs qui représentent désormais 80% du volume contre 20% pour les recrutements par voie de concours. Cette situation souligne la nécessité d’une révision en profondeur des politiques de rémunération et de gestion des ressources humaines au sein de notre administration.

Les experts ne manquent pas d’exprimer leurs inquiétudes concernant cette évolution démésurée de la masse salariale. FMI, Banque Mondiale, BAD, tous s’accordent à dire qu’il faut impérativement optimiser nos dépenses. En effet, l’augmentation a dépassé les prévisions budgétaires de 10% chaque année, et les critiques portent sur le manque de transparence dans la gestion de ces fonds. Différents rapports estiment que près de 20% de la masse salariale est consacrée à des doublons et des abus, mettant en lumière une inefficacité qui grève les finances publiques. Résultat, la masse salariale atteindra plus de 800 milliards de FCFA d’ici 2025, exacerbant davantage les tensions financières.

Lien entre explosion de la masse salariale et risques sur l’économie

L’explosion de la masse salariale engendre des risques importants pour l’économie gabonaise, notamment un niveau d’endettement croissant. En 2023, la dette publique du Gabon s’élevait à 7130 milliards de FCFA, avec une part considérable de cette somme destinée au financement des salaires et des charges connexes. Cette dépendance à l’endettement expose le pays à des risques de crise économique, surtout en cas de chute des prix des matières premières, qui représentent 80% de ses exportations. Sans des mesures correctrices, le Gabon pourrait faire face à des tensions budgétaires insurmontables, compromettant son développement.

De la nécessité de remédier à cette situation

Pour remédier à cette situation, il est impératif que le Gabon mette en œuvre des réformes significatives dans la gestion de sa masse salariale. En 2023, le gouvernement avait déjà prévu une réduction de 10% des dépenses salariales pour débuter cette révision. Cela incluait une révision des effectifs, l’optimisation des coûts, et une évaluation régulière de la performance des agents publics. L’arrivée du CTRI a changé la donne. Les effectifs ont ainsi progressé de 10% portant le montant de la masse salariale à 771 milliards de FCFA d’ici fin 2024 et plus de 800 milliards de FCFA d’ici 2025, en lien avec les régularisations de plus de 8000 agents publics.
Une approche proactive et transparente est donc plus que jamais d’actualité pour répondre à ce défi. Elle permettrait non seulement de garantir une gestion plus efficace des ressources financières, mais aussi de renforcer la confiance du public et des investisseurs dans la capacité de l’État à gérer ses finances. Une telle réforme n’est pas seulement essentielle pour assurer la pérennité économique du Gabon et préserver son avenir, elle est cruciale. Le pays entend répondre aux défis énergétiques d’ici 2030, construire de nouveaux corridors routiers pour relier tout le pays, améliorer son système éducatif, sanitaire. Il est donc urgent de prendre des mesures fortes, au risque de sombrer dans ses propres turpitudes.

Morel Mondjo Mouega

Titulaire d'une Licence en droit, l'écriture et la lecture sont une passion que je mets au quotidien au profit des rédactions de Gabon Media Time depuis son lancement le 4 juillet 2016 et de GMTme depuis septembre 2019. Rédacteur en chef

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