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Gabon : Hermann Immongault incapable de communiquer sur les chiffres de la délinquance ? 

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Le ministère de l’Intérieur et de la Sécurité dispose-t-il d’un fichier national recensant les infractions, les faits délictuels, plaintes, mains courantes et autres, susceptible d’aider à la planification d’une politique publique de sécurité qui réponde aux attentes des Gabonais ? C’est la question que se posent de nombreux compatriotes, notamment ceux des quartiers sensibles qui vivent au rythme d’agressions et qui sont de plus en plus plongés dans une incapacité à mesurer l’évolution de ce phénomène dans leur milieu de vie, faute de pouvoir régulièrement disposer de données. 

Au détour d’une question de journaliste, en lien avec le déploiement prochain de patrouilles pédestres annoncé par le président de la Transition, posée à la faveur d’une conférence de presse qu’il a animée le 17 mai dernier, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Hermann Immongault avait indiqué que les chiffres de la délinquance sont encourageants. Un satisfecit qui laisserait donc supposer que son département ministériel dispose de données permettant d’étayer ces déclarations. Si tel est le cas, pourquoi ne sont-elles pas régulièrement mises à la disposition des Gabonais à travers un site internet ou un rapport d’activité, comme c’est le cas dans la plupart des démocraties ? 

Pilotage à vue ou volonté de maintenir les Gabonais dans l’ignorance ?  

Combien d’agressions et cambriolages ont été enregistrés depuis le mois de janvier ? Combien de plaintes et mains courantes enregistrées par les services de Police nationale ? Combien de saisies de stupéfiants enregistrées ? Quelle est la moyenne des consommateurs de produits prohibés et quel est leur profil ? Combien de constats d’accidents dressés ? Combien de contrôles de police réalisés pour combien d’infractions relevées ? Autant de questions que serait susceptible de se poser tout Gabonais. Seulement, impossible de trouver ces données sur le site du ministère de l’Intérieur et de la sécurité, encore moins sur ses différents réseaux sociaux. 

Dans un tel contexte, comment répondre aux défis sécuritaires et surtout comment rassurer les populations plongées dans un climat d’insécurité généralisé ? Si pour y faire face, le gouvernement a misé sur une présence policière importante, grâce au déploiement prochain de patrouilles pédestres au sein des quartiers, encore faudrait-il que cette démonstration de force s’accompagne d’un suivi statistique régulier, et d’une transparence sur la réalité des chiffres, afin de mieux planifier la politique nationale de sécurité. En l’état actuel des choses, le sentiment qui se dégage est celui d’un pilotage à vue, ou à minima d’une volonté du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité de maintenir les populations dans un black-out informationnel, en ce qui concerne la réalité de la délinquance dans le pays.


Si à la décharge d’Hermann Immongault, il serait judicieux de souligner le défi de la digitalisation de nos services publics, le premier flic du pays pourrait toutefois s’inspirer de son collègue de l’Economie et des Participations. En effet, bien que la digitalisation soit encore en phase embryonnaire, Mays Mouissi et ses équipes sont parvenus, en l’espace de quelques mois, à élaborer des mécanismes de transparence qui permettent aux Gabonais d’avoir un suivi régulier des recettes fiscales et douanières, et de disposer de données fiables sur le nombre de contrôles effectués par les services relevant de sa compétence. Un effort qui devrait d’ailleurs être inscrit dans le contrat de performance qui lie l’Etat aux agents publics, avec une exigence encore plus poussée lorsqu’il s’agit des forces de défense et de sécurité.

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