Gabon : faut-il craindre une nouvelle dégradation de la note de crédit ?
Le Gabon, comme de nombreux pays africains, est confronté à un environnement économique difficile, marqué par un endettement croissant, des dépenses publiques mal maîtrisées, et des déficits qui se creusent. Alors que le gouvernement gabonais tente de mettre en place des mesures visant à stabiliser les finances publiques, les agences de notation sont sur le qui-vive, surveillant de près la capacité du pays à honorer ses engagements financiers. La question se pose donc : le Gabon risque-t-il une nouvelle dégradation de sa note de crédit, qui pourrait aggraver encore sa situation économique et financière ?
Dans un contexte global où les tensions économiques mondiales se font ressentir, les investissements étrangers se raréfient et la dépendance aux matières premières comme le pétrole devient un handicap, le Gabon peine à maintenir une croissance économique durable. Bien que des réformes aient été entreprises dans certains secteurs, elles demeurent insuffisantes et elles n’ont pas permis de réduire suffisamment la pression sur les finances publiques. Selon le projet de loi de finance, la masse salariale, en forte hausse, atteint près de 825,3 milliards de FCFA en 2025, tandis que les dépenses de biens et services connaissent une explosion de 95 milliards de FCFA.
Une situation de plus en plus préoccupante
Cette situation est préoccupante pour les agences de notation, qui évaluent la capacité d’un pays à rembourser ses dettes. Le Gabon, avec son niveau d’endettement extérieur et intérieur élevé, se retrouve dans une position fragile. En dépit de quelques réformes fiscales, la gestion de la dette publique reste une question centrale. La récente baisse des dépenses liées aux intérêts sur les emprunts extérieurs, de l’ordre de 48 milliards en 2025, pourrait être perçue positivement, mais elle ne suffit pas à rassurer totalement sur la capacité du Gabon à stabiliser sa dette à long terme.
Un climat politique instable qui pèse sur les finances publiques
En outre, le climat politique instable, notamment avec la transition militaire en cours, génère des incertitudes supplémentaires pour les investisseurs étrangers. Si des efforts ont été faits pour réduire les risques politiques, les agences de notation sont particulièrement sensibles aux signaux d’instabilité interne. Les mesures exceptionnelles, telles que l’affectation de fonds pour des dépenses administratives jugées excessives, peuvent nuire à la confiance des créanciers et des investisseurs qui attendent des réformes profondes et durables.
Dans l’optique d’éviter une nouvelle dégradation de la note de crédit, le gouvernement gabonais qui tente le tout pour le tout pour boucler son budget 2025, devra mettre en œuvre des politiques de rééquilibrage budgétaire rigoureuses. Si ces réformes sont réalisées de manière transparente et crédible, le Gabon pourrait éviter une dégradation supplémentaire, mais les défis à surmonter restent importants. A défaut, les prochaines notes d’analyses de Fitch, Moody’s ou Bloomberg, pourraient s’avérer désastreuses.