Gabon : en à peine 10 ans, la dette intérieure est passée de 57 milliards à 2607 milliards de FCFA
4473%. C’est probablement le chiffre du jour puisqu’il représente le taux d’évolution de la dette intérieure sur la période allant de 2012 à 2022. Selon les données fournies par le ministère de l’Economie et des Participations via sa direction générale de l’Economie et de la Politique fiscale (Dgepf), le stock de la dette intérieure qui n’était que de 57 milliards de FCFA en 2012 est passé à plus de 2607 milliards de FCFA en 2022. Une évolution en volume de l’ordre de 2550 milliards de FCFA.
En 2012 alors en plein boom pétrolier avec un baril oscillant autour de 100 dollars US, l’économie gabonaise se portait à merveille. Recettes pétrolières à 1531 milliards de FCFA, recettes hors pétrole à plus de 1000 milliards de FCFA pour un total de plus de 2638 milliards de FCFA, et surtout une dette publique “dérisoire” chiffré à moins de 1500 milliards de FCFA (1484,1 milliards de FCFA exactement) avec notamment une dette intérieure d’à peine 57 milliards de FCFA.
La problématique de dette toujours d’actualité
Capable de financer sur fonds propres des projets structurants puisqu’à cette époque, la masse salariale qui est aujourd’hui insoutenable pour notre économie se situait aux alentours de 539,9 milliards de FCFA, le pays jouissait d’une marge de manœuvre considérable. Seulement voilà, dès 2013, une forme de furie financière s’est emparé de l’exécutif avec comme point de départ, l’emprunt obligataire souscrit par l’Etat gabonais à hauteur de 724,4 milliards de FCFA.
Faisant passer l’encours de la dette publique au-dessus des 2283 milliards de FCFA, cet emprunt obligataire sonnait le glas d’une relative orthodoxie financière, et le début de dérapages incontrôlés. Il faut dire qu’entre cette période et l’année 2022, le stock de la dette publique est passé de 1484,1 milliards de FCFA à 7131 milliards de FCFA. Un record quasi mondial, pour des résultats peu visibles sur le terrain.
Déjà « significative » en 2013 selon les termes de la Dgepf, puisqu’elle passait de 57 milliards de FCFA à 244,2 milliards de FCFA, cette dette intérieure a connu une hausse exponentielle pour se situer en 2022 à plus de 2607 milliards de FCFA. Un chiffre à lui seul supérieur à l’ensemble de la dette publique gabonaise il y a dix ans.
Symbole de la gabegie orchestrée par Ali Bongo Ondimba et sa suite, cette dette intérieure est aujourd’hui au cœur des débats, avec une Task-force dédiée qui vient de faire des révélations peu surprenantes. Entre surfacturations, malversations en tous genres, travaux bâclés et autres dérapages, cette dette intérieure est au fil des ans devenue une variable de détournements massifs, au grand dam des populations qui peinent à en voir les résultats.
