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Doit-on laisser Creol la Diva devenir une référence pour la jeunesse gabonaise?

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Vedette de la chanson gabonaise, Créole la Diva est sans conteste l’artiste du moment. Depuis quelques jours, entre, d’une part, ses diverses interventions et prises de position et, d’autre part, la sortie de son clip « Waka Waka », les éloges et critiques pleuvent sur l’artiste gabonaise la plus suivie sur les réseaux sociaux. Cette attention particulière que lui porte le grand public semble méritée, tant la chanteuse a une personnalité qui ne laisse pas indifférent.

Nous appréhendons que Créol ait fait le choix de la virilité dans ses textes, pour atteindre la viralité. Lorsque nous prenons connaissance des paroles des chansons de Créol, comme « Avant j’étais une tuée tuée […] Que pour me djiezer cadeau » (Waka Waka), ou « Les go comme moi il faut les dompter […] Les dresser, pour mieux les monter […] Arrêtes de frimer, viens me goûter […] Donnes moi ça, […] Mets la balle au fond […] Ne me laisses pas croire que t’es un faillot […] Dépêches-toi viens mouiller le maillot » (Bonobo), nous pouvons aisément conclure que ce n’est pas un hommage rendu à la culture gabonaise. Ces paroles sont creuses, à connotation sexuelle et surtout grossières. Mais, tout ce que touche la Diva se propage rapidement sur Internet et ne laisse personne indifférent. Il faut le reconnaitre, chacune de ses interventions est d’une viralité incroyable chez les jeunes. A ce niveau, c’est inédit au Gabon. Sur ce point, inclinons-nous à reconnaitre l’efficience de sa stratégie.

Pourtant certains Gabonais trouvent que l’univers langagier de la Diva est extrêmement vulgaire. On pourrait donc s’arrêter là et la ranger définitivement dans l’armoire des artistes à scandales. Mais, véritable star des réseaux sociaux, Créol c’est en moyenne 25.000 connexions au cours de ses lives. Adulée, détestée, admirée, honnie, la reine des Fantastiks n’en a cure et se donne à fond dans son exercice favori, quitte à choquer les consciences, de la Noya à la Lebombi-Leyou, et du Ntem à la Basse-Banio !

« Artiste, scandaleuse, influenceuse, vulgaire, impolie, bagandette, légère… », les qualificatifs ne sont visiblement pas assez nombreux pour désigner la fille de MackJoss, Baobab, légende et véritable icône de la musique gabonaise, qui a tiré sa révérence en 2018.

Créol la Diva fascine, dérange et devient peu à peu le modèle d’une génération en perte de repères et qui trouve chez cette dernière l’amie, la grande sœur, la confidente qui sait tendre l’oreille et écouter. Elle est capable de monter au créneau pour traduire le ressenti de cette jeunesse en proie au doute et à l’incompréhension. Elle est perçue comme le porte-voix de ses jeunes ; car, elle s’exprime avec un langage qui est le leur et qui leur est compréhensible.

Parce qu’elle est comme eux, Créol connait les Gabonais, nos réalités, nos mapanes, l’école de la rue. Ses expressions contribuent à entretenir une espèce de Gabonité qui parle aux émotions et au vécu de notre jeunesse. « Quand ça ne va pas, ça ne va pas et elle le dit clairement et avec ses mots qui caractérisent sa personnalité ». Ainsi, s’expriment ses Fantastiks à son sujet.

Créol est l’une des premières personnalités du show-biz gabonais à avoir dit NON aux nouvelles restrictions liées à la lutte anti-Covid. Avec sa marmite et sa louche en bois, elle a appelé sa Fanbase à en faire de même. C’est encore elle qui est au cœur de la campagne de sensibilisation en milieu scolaire sur les dangers des réseaux sociaux, suite à l’émoi provoqué par la diffusion de vidéos obscènes mettant en scène des jeunes lycéennes. 

Si son engagement politique n’est pas clairement affirmé, il faut lui reconnaître cette capacité toute simple de mobiliser et d’inciter la jeunesse pour une cause jugée juste. 

Pour autant, doit-on ériger Créol en exemple ? Certains crieront à l’abomination ; car, son image de chanteuse aux textes explicites, ses extravagances et ses vidéos, que certains jugent abjectes, ne sont pas du goût de toutes les chapelles. Car, les paroles des chansons de la Diva interpellent et choquent n’importe quel parent soucieux de la bonne éducation de son enfant. D’autres, par contre, rappelleront très vite qu’il ne faut pas occulter que c’est une jeune dame au grand cœur qui soutient des causes nobles à travers sa fondation.

Si la vulgarité est la marque de fabrique de la Diva, ses inconditionnels soutiennent que derrière cette image se cache un cœur, une âme qui a pour souci le bien-être de son prochain. Ses Fanatiks affirment, par ailleurs, que Créol expriment les craintes d’une mère inquiète pour l’avenir de ses enfants ; mais, également le patriotisme d’une citoyenne engagée, éprise de liberté et surtout de paix pour son pays !

Gregue Nguele
Editorialiste

Gabon Media Time

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