Référendum 2024 : un bon score du « OUI » dans la tradition des élections politiques au Gabon

Le référendum constitutionnel du 16 novembre 2024 a enregistré un taux de participation de 53,54 % au niveau national, un résultat jugé « honorable » par Franck Nguema, président du Mouvement Gabao, ancien ministre et député du 2ème siège d’Akanda. Selon lui, ce chiffre s’inscrit dans la continuité des tendances électorales du Gabon sur la dernière décennie, où les taux de participation ont oscillé entre 34 % et 59 %. Toutefois, ces chiffres suscitent des analyses contrastées, entre ceux qui y voient un bon signal démocratique et ceux qui dénoncent une abstention préoccupante.

Franck Nguema rappelle que « la participation électorale gabonaise suit une dynamique historique ». En 2013, lors des élections locales, le taux de participation était de 53 %, un chiffre similaire à celui du référendum. En 2016, la présidentielle avait mobilisé 59 % des électeurs, portée par une intense mobilisation politique avec dix candidats majeurs, dont Jean Ping, Pierre-Claver Maganga Moussavou et Casimir Oyé Mba. En revanche, les législatives et locales de 2018, boycottées par une partie de l’opposition, avaient vu une chute de participation à 34 %.

Comparant le Gabon à d’autres démocraties, Franck Nguema souligne que « la tendance mondiale est à la baisse de la participation, notamment en France ». Il évoque les législatives anticipées françaises de 2024 où la peur d’une montée du Rassemblement National avait cependant relancé la mobilisation.

Des disparités régionales marquées

L’analyse des résultats régionaux met en évidence des écarts notables. Si le Haut-Ogooué a affiché une participation record de 86,44 %, des provinces comme la Ngounié (27,84 %) ou l’Ogooué-Maritime (37,22 %) montrent des niveaux d’abstention préoccupants. L’Estuaire, avec un taux de participation de 44,53 %, reste également en deçà de la moyenne nationale, reflétant une désaffection urbaine vis-à-vis des urnes.

Ces disparités régionales soulignent des réalités socio-économiques et politiques différentes. Dans des zones rurales comme le Haut-Ogooué ou le Woleu-Ntem (77,90 % de participation), le lien étroit entre populations et institutions locales semble avoir favorisé la mobilisation. À l’inverse, les centres urbains et certaines provinces à tradition contestataire ont enregistré des taux élevés d’abstention, marquant une désillusion persistante.

Un enjeu pour renforcer la confiance démocratique

« Si le taux de participation de 53,54 % s’inscrit dans la moyenne des scrutins récents au Gabon, il reflète également un défi pour consolider l’engagement citoyen », commente l’ancien député à l’Assemblée nationale. La comparaison avec les taux d’abstention de l’Estuaire (55,46 %) ou de la Ngounié (72,15 %) révèle des fractures territoriales et socio-politiques que les autorités devront adresser.

Ce référendum, bien qu’ayant validé la nouvelle Constitution, met en lumière la nécessité de renforcer l’inclusivité et la pédagogie politique pour réduire le fossé entre électeurs et institutions. Pour Franck Nguema, il s’agit désormais de capitaliser sur cet élan pour bâtir une démocratie plus participative et représentative.