Référendum 2024 : le Front du Non objectif milite pour une justice indépendante
Alors que le Gabon se prépare à voter sur le projet de nouvelle Constitution, Léonie-Laïla Manioni-Mbembe, déléguée générale de la ligue des jeunes du parti Réappropriation du Gabon, de son Indépendance, pour sa Reconstruction (Réagir), a pris position au nom du Front pour le Non Objectif. Dans une interview exclusive accordée à Gabon Media Time ce jeudi 14 novembre 2024, elle a exhorté la jeunesse gabonaise à défendre une justice indépendante et une véritable séparation des pouvoirs en votant « non » lors du référendum du 16 novembre.
À deux jours de ce scrutin crucial, Léonie-Laïla Manioni-Mbembe a invité les Gabonais à lire attentivement le texte constitutionnel publié le 21 octobre dernier avant de se rendre aux urnes. Bien qu’elle reconnaisse certaines avancées dans le projet, elle a mis en lumière des lacunes importantes, notamment en matière de séparation des pouvoirs. Selon elle, ces carences sont minimisées par les partisans du « oui », mais elles représentent un danger réel pour la démocratie gabonaise.
Des pouvoirs excessifs concentrés entre les mains du président
« Le danger auquel nous exposent les défenseurs du oui, c’est de nous faire croire que cette Constitution est parfaite et qu’il faut l’adopter en l’état pour sortir de la Transition », a-t-elle affirmé. Léonie-Laïla Manioni-Mbembe a dénoncé les articles 43 à 69, qui, selon elle, confèrent des pouvoirs démesurés au président de la République. En cumulant les rôles de chef de l’exécutif, chef du gouvernement et responsable des nominations civiles et militaires, le président concentrerait trop de pouvoirs entre ses mains.
Elle a également critiqué l’absence de véritables contre-pouvoirs. En effet, l’article 136 permet au président de dissoudre l’Assemblée nationale, mais cette dernière ne dispose que d’un pouvoir de mise en accusation limité. « Quelle Cour oserait prononcer une décision contre un président doté de tant de pouvoirs ? » s’est-elle interrogée.
Une justice à l’épreuve de l’indépendance
Le Front pour le Non Objectif, à travers Léonie-Laïla Manioni-Mbembe, a également exprimé ses inquiétudes quant à l’indépendance de la justice. Elle estime que confier au président le rôle de diriger le Conseil supérieur de la magistrature est incompatible avec une justice impartiale. « Comment garantir les libertés fondamentales si nous acceptons qu’un individu puisse les ébranler à lui seul ? » a-t-elle déclaré.
En conclusion, Léonie-Laïla Manioni-Mbembe a appelé les Gabonais à approfondir leur compréhension du projet constitutionnel et à exiger un débat de fond basé sur la transparence et la bonne foi. Pour elle, ce référendum est une occasion unique de consolider l’équilibre institutionnel nécessaire au développement d’une démocratie solide et d’une justice véritablement indépendante.