Référendum 2024 : Le Front du Non Objectif dénonce des irrégularités
À l’occasion d’une conférence de presse animée le 22 novembre 2024 à Libreville, Jean Rémy Yama, président du Front du Non Objectif, a dressé un bilan critique du référendum constitutionnel du 16 novembre. Dénonçant un processus électoral entaché d’irrégularités, il a mis en lumière un manque flagrant de transparence et d’équité, des accusations susceptibles d’alimenter les débats sur l’avenir démocratique du Gabon.
Selon Jean Rémy Yama, le cadre juridique actuel du processus électoral constitue un « recul démocratique ». Il a dénoncé la rétrocession de l’organisation électorale au seul ministère de l’Intérieur, un organe accusé de composer les commissions électorales sans inclure les représentants des deux camps. Cette démarche, selon lui, a porté atteinte à la transparence et à l’impartialité du scrutin, préfigurant des contestations électorales futures.
Il a en outre rappelé que les avancées démocratiques obtenues depuis 1991, telles que la représentativité politique au sein des commissions électorales, sont aujourd’hui remises en question. Pour lui, le retour en arrière dans la gestion électorale nuit à la crédibilité non seulement du référendum mais aussi des prochaines élections.
Une campagne déséquilibrée
Par ailleurs, Jean Rémy Yama a pointé du doigt un déséquilibre majeur dans les moyens déployés par les deux camps. « Le camp du « OUI » a bénéficié de 27 milliards de FCFA pour sa campagne. Pour sa part le camp du « NON » n’a reçu aucun soutien logistique ni financier, limitant ainsi sa portée », a-t-il expliqué. Cette asymétrie a conduit à une couverture médiatique partiale.
Favorisant le camp du « OUI », notamment sur les chaînes publiques. Dans ce contexte, les irrégularités dénoncées lors du scrutin à savoir « les intimidations, des incidents dans les bureaux de vote, et l’utilisation de gadgets pro-« OUI », concourent à exacerber les doutes sur l’intégrité de ce référendum.
Une victoire en trompe-l’œil
Pour le Front du Non Objectif, la victoire écrasante du « OUI » (91,98 %) annoncée par le ministère de l’Intérieur ne reflète pas la réalité sociologique du pays. « Si l’on ajoute le score du NON (8,20 %) à l’abstention (46,46 %), on observe que près de 54,66 % des Gabonais ont rejeté le projet soumis », a analysé froidement Jean Rémy Yama.
Le parlementaire de la transition a conclu son propos en affirmant que ce référendum, loin d’être un plébiscite pour les autorités de transition, constitue « une contre-performance ». Du fait que cette consultation populaire est marquée par une mobilisation limitée et un désaveu silencieux d’une partie importante de la population. De nature à pousser les autorités publiques à relativiser les exaltations et à considérer la majorité silencieuse.