Présidentielle 2025 : le soutien du PDG à Oligui Nguema dévoie-t-il l’esprit du coup d’État du 30 août 2023 ?

Il y a moins de deux ans, le Parti Démocratique Gabonais (PDG) était délogé du pouvoir dans les premières heures du 30 août 2023, à l’issue d’un coup d’État militaire qualifié de « coup de libération » par ses auteurs. L’objectif affiché était clair : mettre fin à un système sclérosé, accusé de dérives institutionnelles, de pillage des ressources publiques, et d’érosion de l’État de droit. Aujourd’hui, ironie ou contradiction, ce même PDG s’aligne sans scrupule derrière le général Brice Clotaire Oligui Nguema, artisan de sa chute, en lui apportant un soutien public pour l’élection présidentielle du 12 avril 2025. Une décision qui interroge, choque et brouille les repères.
La déclaration de soutien du PDG, lue par sa secrétaire générale Angélique Ngoma, revendique un appui basé sur le « bilan positif » du président de la Transition. Si ce soutien peut s’analyser comme un acte politique relevant du pragmatisme, il ne peut faire oublier la responsabilité historique du PDG dans l’effondrement de l’État gabonais entre 2009 et 2023. Le rapport du Dialogue politique inclusif d’avril 2024, pourtant validé par les autorités actuelles, proposait la suspension du PDG de toute activité politique pour cinq ans, au regard de son implication dans les dérives du régime Bongo.
Un soutien du PDG qui passe mal
Comment alors justifier que ce parti, qui cristallise l’indignation populaire depuis la transition, puisse non seulement reprendre voix au chapitre, mais aussi s’ériger en promoteur de la « victoire cash » d’Oligui Nguema, comme s’il n’avait jamais porté les plaies du pays ? Ce soutien, loin d’être anodin, fragilise le récit fondateur du coup d’État du 30 août, présenté comme une rupture avec les pratiques du passé. En acceptant cette alliance, le président de la Transition prend le risque de brouiller son image d’homme neuf, de diluer le message de la refondation dans un calcul électoraliste, et de nourrir le soupçon d’une continuité déguisée.
Car si Oligui Nguema est salué pour certaines réformes – restructuration de la dette, création d’emplois, projets d’infrastructures – le ralliement massif d’anciens dignitaires du PDG à sa candidature écorne la crédibilité du processus de transition, et laisse planer le doute sur la sincérité du projet de rupture. Comment convaincre les Gabonais du changement quand les visages, les méthodes et les réseaux restent les mêmes ?
En politique, les symboles comptent. En laissant le PDG s’infiltrer dans sa campagne, Oligui Nguema pourrait perdre la force symbolique du 30 août, cette date qui avait porté l’espoir d’une génération en quête de justice, de gouvernance et de vérité. Le peuple gabonais, lui, reste en droit de s’interroger : le changement annoncé est-il réel ou maquillé ? Le pouvoir a-t-il changé de mains, ou simplement de façade ?
GMT TV